Kham - Août 2010              

visite de Chengdu : temple et jardins

 

 

Le Kham est l'une des 3 provinces historiques du Tibet, avec l'Amdo et l'U-Tsang. Il occupe  aujourd'hui la préfecture de Quamdo à l'est de la Province Autonome du Tibet, le sud-ouest de la province chinoise du Sichuan (capitale Chengdu) et le petit coin nord-ouest de la province chinoise du Yunnan (capitale Kunmin).

Le Kham a été rattaché au Tibet lors de la grande unification du Tibet par le 5e Dalaï Lama, Losang Gyatso, au 17e siècle, avec l'aide du Khan mongol Güshi Khan. Mais il restera fragmenté en royaumes plus ou moins indépendants et plus ou moins sous suzeraineté chinoise, mongole ou mandchoue jusqu'en 1905 où il devient brièvement chinois, puis tibétain, puis partagé entre Tibet et Chine, jusqu'à l'invasion par les troupes communistes de Mao Tsé Toung, en 1950, qui envahissent et annexent les provinces de l'Est. L'ensemble du Tibet est redécoupé en 1965 et le Kham est scindé (le long du YangTsé), les provinces de l'ouest étant "autonomes" (et donc logiquement très étroitement contrôlées !) tandis que celles de l'est ont rejoint les provinces chinoises.

Le Kham reste très fortement tibétain dans sa culture. Il abrite des haut-lieux du bouddisme et la religion reste partout le fondement de la vie sociale. Peuple nomade, les Khampas sont aujourd'hui incités à se fixer dans des lotissements qui poussent dans les banlieues de tous les villages, tandis qu'une importante installation de Chinois (Han surtout, mais aussi Hui) se fait à partir des vallées et des villes. Partout des routes, des ponts, des centrales électriques, témoignent d'une intense évolution, dirigée de Beijing et relayée par Chengdu.

La géomorphologie du Kham est marquée par les gigantesques plissements des contreforts himalayens qui divisent les hauts plateaux par des vallées profondes où coulent tous les grands fleuves du sud-est asiatique. Ce morcellement des paysages préserve des îlots de société nomade ou paysanne, épargnés par l'aventure économique de la Chine. En parlera t'on assez de ce réveil de la Chine, omniprésente au Tibet, une Chine qui protège ses marges sud, tout autant qu'elle exploite des ressources nombreuses (forêts, minerais).

Notre voyage n'a concerné que le Kham du Sichuan, au coeur de l'ancien royaume de Derge, un tout petit confetti sur les deux millions de km2 du Tibet. Partie de Manigango (à l'ouest de Garze), à plus de 4 000m d'altitude, notre promenade pédestre nous a amenés à Derge (ou Dege sur la carte) en une douzaine de jours, par 6 cols et 4 vallées. L'alternance de grasses prairies, de forêts de feuillus ou de résineux, de pentes arides couronnées de névés et de glaciers, fait du Kham un décor sans cesse sans changeant. Les pâturages sont occupés jusqu'à 5 000 m en ce mois d'août, tant par les yacks que par les chevaux.  Les hautes vallées hébergent des villages entiers sous tentes, où nous sommes accueillis très cordialement. Mais on ne voit guère les hommes lors de nos visites des grosses tentes noires et carrées, en poil de yack où, sur un âtre en terre, chauffe du thé au beurre. En redescendant dans les plaines, en dessous de 4 000 m, les champs sont en cours de fenaison. L'orge est cultivé partout et c'est lui qui reçoit l'attention des petits groupes de paysans qui le fauchent en famille, avec un curieux outil guère plus grand qu'une faucille, puis le ramènent à dos d'homme jusqu'aux villages où il est mis à sécher sur les toits ou dans les arbres. Plus près des maisons, ce sont des pois, des pommes de terre, des choux qui remplissent les jardins, devant de belles maisons aux façades de bois, enbalconnées et ouvragées comme des coucous suisses.

De gros monastères s'étalent dans les vallées ou, parfois, s'accrochent aux montagnes. Gelugpa, Nyiangmapa, Kagyupa, Sakyapa, ils sont tous là, toutes les écoles, tous les rituels. Les monastères sont toujours le centre d'activités intenses, soit de moines, souvent, soit de fidèles qui déambulent autour des shortens ou des murs de pierre votives dans des "coras" spontanées (et pourquoi pas avec le portable à l'oreille !). Ces monastères accueillent souvent des centaines de moines, parfois de très jeunes moinillons que l'on retrouve sur les bancs où ils psalmodient en choeur, parfois des adolescents ou des adultes qui se livrent,  dans les cours des monastères à de spectaculaires "disputations" avec force claquements de mains et de pieds. Partout les temples sont en reconstruction, repeints, rebâtis, décorés de neuf, dans l'affirmation d'une foi dynamique, exprimée et reconnue. Alors le rouge est pétant, le vert grinçant et le bleu planant. Les harmonies ne sont pas subtiles, mais la religion l'est tellement qu'on comprend qu'elle s'annonce en fanfare.

Au fond des vallées, de gros villages regroupent toutes les fonctions administratives dans un double langage systématique : chinois et tibétain. L'école y a toujours une place centrale. Mais elles sont vides en ce mois d'août et les enfants courent les rues s'ils ne sont pas aux champs avec leurs parents. Les ados sont fort occupés à pétarader sur leurs motos, et justifient la profusion de répéteurs téléphoniques que ChinaCom sème dans chaque commune.

 Mais venir au Kham n'est pas simple et il faut compter 3 jours d'approche en voiture à travers les hautes vallées du Sichuan , puis 3 jours encore pour en ressortir, à travers des cols enneigés (en fait un seul, et à peine) et malgré les routes coupées et les glissements de terrain dues aux conditions exceptionnelles de ce mois d'août (ça c'est vrai !). On doit aussi longer la province autonome du Tibet le long de la centaine de kilomètres de frontière que constitue le haut cours du Yangtsé. Et cela fait envie d'aller voir "l'autre côté", là où les montagnes soutiennent vraiment le ciel ...

Merci Terd'Av pour l'aventure.

 

Le Sichuan (en rose), et sa capitale Chengdu (en rouge) au centre de la Chine, la  zone verte qui jouxte le Sichuan à l'ouest est la province autonome du Tibet. La tache bleue couvre la région visitée

Notre itinéraire en trek en image ou dans Google Earth


 

le Kham (en violet) et l'Amdo (en bleu)

origine des cartes catablog :

Le Kham et la zone de compression géologique de la plaque himalayenne et du sous-continent chinois.

Dans le Sichuan : de Luding à Bamei

Autour de Garze

Monastère de Dzogchen

Trek : épisode 1 premiers pas, premiers cols

Trek : Episode 2, ermitage de Rongme Kormo Taksang

Trek : Episode 3, Monastère de Szongsar, la ville

Trek : Episode 4 monastère de Pelpung, col de Hak La

 

Trek : Episode 5 monastère de PeYül, Datsedo

 

 

Derge et l'imprimerie de Parkhang

si vous aimez les fleurs, en voici en voila

et

gros et petits animaux pour ceux qui les aiment


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Page créée par Henri Maître le 25 septembre 2010