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Les Baïs : le Peuple BlancDali et le lac Erhai - Yunnan - octobre 2013 - Henri Maître
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Minorité Baï ... le peuple Blanc
Carte du Yunnan
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Les Baïs forment une ethnie traditionnellement considérée comme de langue tibéto-birmane, mais cette attribution est aujourd'hui remise en question en raison des très nombreuses similitudes avec le vieux Han, en particulier. Comme pour beaucoup des minorités du sud de la Chine, il est difficile de tracer très loin leurs origines. C'est à partir de la dynastie Tang (de 600 à 900 environ) qu'ils entrent véritablement dans l'histoire. Alliés des Yis, ils participent dès les années 650 au regroupement d'une ribambelle de petites principautés autour du lac Erhai et des montagnes ChangShan, qui aboutiront à l'établissement tout d'abord du Royaume de Damengguo, puis du puissant royaume de Nanzhao (737-902) qui s'étendit du Sichuan au Guangxi et jusqu'en Birmanie et au VietNam. Ces royaumes jouent d'alliances alternées avec la dynastie han des Tang d'une part et les Tibétains d'autre part. Lorsque le royaume de Nanzhao s'effondre en 902, une période de troubles perdure jusqu'en 937 où le général baï Duan Siping établit le royaume de Dali. La dynastie Duan qu'il fonde alors encre la domination baï sur une grande part du Yunnan, avec Dali comme capitale, au pied des monts Cangshan et devant le lac Erhai, à 2000 m d'altitude. C'est alors que furent érigées les 3 célèbres pagodes au coeur du monastère Chongseng malheureusement disparu aujourd'hui dans sa forme initiale. En 1252, le royaume de Dali est envahi par les Mongols après de nombreuses années d'attaques infructueuses. Kubilaï Khan établit la domination mongole sur les Baïs. Et lorsque la dynastie mongole Yuan remplace à Pékin la dynastie Song, en 1279, les baïs rejoignent l'empire dont ils s'étaient toujours tenus à bonne distance. Les relations des Baïs avec la république Populaire furent longtemps houleuses et une grande partie de la population s'est enfuie en Birmanie pendant la révolution culturelle. Les Baïs jouissaient d'un territoire réputé fertile, au climat doux, riche de nombreuses ressources tant agricoles que minières. La vie au bord du lac Erhai reflètait assez bien l'idéal d'une vie paisible et insouciante, mais n'était guère au diapason du Grand Bond en avant. Les Baïs sont majoritairement bouddistes, parfois taoïstes, mais ils mêlent souvent des croyances animistes anciennes à leur culte. La manifestation la plus partagée aux rites anciens est le culte de Benzhu, "l'esprit des lieux" qui revêt une quinzaine de formes différentes, certaines féminines (la terre, la fécondité, les eaux), d'autres nettement masculines (le sol, la force, le village). Dans les villages, l'ouverture de lieux de culte "banalisés" a permis de regrouper dans un même temple, et côte à côte, les statues de Boudha, de Lao Tseu, de Confucius et des personnages naïfs, sortis de la foi populaire, des représentations de Benzhu. Dali s'enorgueillit également d'une superbe église en style baï, la cathédrale du Sacré-Coeur, bâtie par les missionnaires français en 1927 et maintenant régie par l'"Eglise Patriotique". Les Baïs doivent leur nom : "le peuple blanc"( Bái Zú) à leurs tenues généralement très claires. En tenue traditionnelle, les femmes portent des blouses blanches surtachées de rouge ou de bleu, un gilet rouge souvent, brodé également, un pantalon blanc, long et large en bas, avec une large ceinture de couleur. Leurs coiffes de cérémonie sont constituées de couronnes concentriques à dominante rouge et blanche évoquant les saisons. La plus interne, brodée de fleurs de couleurs vives, évoque le printemps et ses prairies ; la plus externe est blanche, comme les neiges du mont CongShan, l'hiver. Une queue de cheval de coton blanc orne les coiffes des jeunes filles et retombe bas sur l'épaule et la poitrine. Les femmes mariées la couperont. Les bijoux sont majoritairement en or, assez discrets : boucles d'oreilles, pendentifs. A la boutonnière de la blouse, sur le côté droit, pend un petit faisceau de chaînes courtes en sautoir. Les tenues d'apparat des hommes sont constituées d'un pantalon, blanc ou noir et d'une chemise blanche boutonnée au centre, l'un et l'autre largement brodés. Un court paletot, gris ou vert, flotte par dessus. La coiffe peut être faite d'un chapeau de paille ou d'un turban remonté au centre en prou de drakkar. Sur les marchés, on ne verra cependant pas ces tenues réservées aujourd'hui aux fêtes et à l'accueil des touristes. Le blanc se fait rare, ce qui n'est pas surprenant en ces lieux. Les blouses bleu-claire ou grises sont protégées d'une tunique bleue, sans manche, toute simple, fermée sur le côté droit, et d'un tablier ample de velours noir, bordé d'un filet de couleur.Elles sont barrées d'une large ceinture noire. Souvent un pull à col montant ou une veste de laine épaisse complètent cette tenue et nous rappelle que l'air est frais à ces altitudes. Les coiffes adoptent une grande liberté tant dans les couleurs souvent sombres que dans les formes, plutôt en tronc de cône qu'en couronne ; elles sont souvent en laine épaisse. Elles sont remplacées souvent par un tissu noué comme on en rencontre dans tout le Yunnan. La pêche au cormoran sur le lac Erhai est une activité traditionnelle qui se fait en famille, l'homme s'occupant des oiseaux, souvent quatre ou cinq, avec ses nasses et sa longue perche, protégé par un chapeau de roseaux, la femme, sous une ombrelle, aux rames, et bparfois sur un réchaud pour tenir au chaud la soupe. Le lac est peu profond et particulièrement poissonneux. C'est aussi l'architecture qui distingue les Baïs. Leurs maisons se présentent sur 3 façades en U, d'un ou deux étages, en bois dans le milieu paysan, en pierre pour les bourgeois. Les bâtiments entourent une cour de terre battue et fermée sur la rue d'un mur. Les façades sont blanchies et ornées de fin dessins, géométriques parfois, parfois représentant des scènes champêtres. Ils ont vocation à porter bonheur et éloigner les esprits. Les porches des maisons bourgeoises sont parfois très sculptées et le marbre s'y affiche volontiers. Le marbre, partout en Chine, c'est la "pierre de Dali" (dàlishí) tant les montagnes alentour ont fourni de matière première aux palais de l'Empire du Milieu. Parfois pour réhausser la façade de brique ou de torchis d'une famille venue tardivement à l'opulence, on le représente en trompe l'oeil sur le revêtement blanchi à la chaux pour l' enrichir à peu de frais. |
Les visites guidées Le petit bonus Les 3 pagodes de Dali (9e au 11e siècle) et le lac Erhai vus du monastère Chongseng. |
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