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Les Mosus du lac Lugu

Yunnan   - octobre - novembre 2013 -  Henri Maître

 

 

 

Minorité Mosu, ou Mosuo, ou Moso ...  mósuō en pinying

 

 

 

 

Carte de Chine

Carte du Yunnan

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les autres minorités :

 

Les Mosus occupent une petite région perdue aux confins Nord-Est du Yunnan, à la frontière du Sichuan, sur les bords du lac Lugu, aux eaux d'une limpidité remarquable. Un lieu exceptionnel, à plus de 2700 m d'altitude, où ciel et eaux ont la même teinte et disparaissent ensemble au crépuscule. Héréditée complexe qui revendique également des ancètres également lointains, Tibétains, Naxis ou Mandchous. Si le dialecte plaide pour les uns, la religion, en appelle aux autres et le troisième réclame les traditions culinaires. Bref les Mosus sont singuliers et le sont à plus d'un titre.

 

Une cellule familiale exceptionnelle

Le schéma familial des Mosus est sans pareil sur notre Terre qui pourtant en a vu beaucoup. La femme y dispose du statut rare de chef de famille et d'unique géniteur ou du moins d'unique géniteur reconnu puisqu'il est convenu de croire qu'elle se fait assister pour enfanter. Les femmes vivent entre elles et gardent et élèvent les enfants, aidées par les frères, seuls habilités à partager le toit. Chacune peut inviter dans sa chambre, et à sa convenance, le partenaire qui lui chaud. La visite se fait nuitament, selon un protocole complexe mais rigoureux (désolé, je n'ai pas pu le connaître). Les façades des demeures portent témoignage des itinéraires balisés mais discrets permettant l'accès au lit convoité toujours situé à l'étage de façon, je pense, à écarter les plus âgés. Au petit matin l'élu aura disparu, probablement pour rejoindre dans des cabanes dans les bois ses camarades avec qui il partagera quelques bouteilles d'alcool puisque c'est ainsi que procèdent de par le monde tous les mâles délaissés.
L'enfant, plus tard, n'aura qu'une mère, une cellule de commères et quelques oncles qui lui apprendront probablement l'art d'escalader les façades. Le lien avunculaire est aussi fort que le lien paternel semble-t-il. Les liens conjugaux durables peuvent exister mais ne sont des choses dont on se vante chez les Mosus car la réputation d'une femme est plus fondée sur le nombre et la variété des partenaires que sur leur pérennité. Dernière chose, la jalousie est vue ici comme un bien vilain défaut que l'on se garde de rendre public.
La famille Mosu est certainement un passage obligé des formations en conseillers matrimoniaux et autres assistants de conscience. J'imagine qu'il a été largement disserté sur les conséquences de ces pratiques sur la psychologie des unes et des autres, sur le tissu social, voire sur l'émergence de pratiques déviantes. Rassurons sur un point le lecteur : rien ne lac Lugu transparaît à l'oeil attentif du visiteur curieux. La petite ville de Luoshui est en tous points harmonieuse, les femmes y cancannent dans les boutiques, les hommes s'extirpent joyeusement des vapeurs de Maotaï en s'interpelant de leur tracteur, les enfants portent comme partout des cartables trop lourds en chassant d'un caillou des chiens qui comme ailleurs aboient sans raison. Bref une vie bien civile tout à fait compatible avec le code Napoléon, sauf que justement il ne s'applique pas là.

   (dans le temple de la montagne Gemu)


Le soir révèlera mieux encore cette banalité de l'entregens. Comme dans de nombreuses bourgades du Yunnan et des alentours, il est de tradition à Luoshui de se rassembler autour d'un feu de bois pour danser à la nuit tombée. Plus que partout ailleurs cette pratique nous est apparu bien ancrée et largement partagée. Les tenues sont somptueuses. Celles des femmes, printanières, celles des hommes, dignes d'un western, nous y reviendrons. L'animation y est véritablement collective, chacun contribuant aux chants et aux farandoles ou aux danses en ligne. Et comme l'air y est très frais la nuit(rappelez vous, 2700 m), on compense quelques degrés Celsius par des degrés Cartier (petite info pour ceux qui l'ignorent).

 

La maison Mosu

La maison Mosu force le respect. Souvent inscrite dans une cour bordée de murs, elle s'affiche sur trois faces tandis qu'une porte lac Lugucochère défendue de massifs ventaux est en charge de l'accueil. Les bâtiments ont deux niveaux, un balcon en galerie galopant tout autour de la cour soutenu par des piliers de bois, reposant eux-mêmes sur des assises de pierre. Un escalier de bois aussi, extérieur, permet d'y accéder. Les murs sont faits de gros rondins horizontaux, aujourd'hui vernis, percés d'élégantes fenêtres, parfois soulignées d'un dessin en trapèze selon le schéma traditionnel au Tibet. Elles se cachent derrière des grilles ouvragées en bois, souvent peintes de motifs géométriques. Le toît est fait de petites tuiles noires serrées. Les pièces sont spacieuses et couvertes de bois. Armoires et lits, offrent des panneaux sculptés en ronde-bosse, peints de couleurs vives. Banquettes et fauteuils sont souvent tendus d'étoffes épaisses; les lits garnis de lourdes couvertures sont coiffés de moustiquaires de tulle. L'autel des ancètres occupe une place de choix dans la pièce d'accueil ; une lampe à huile, une bougie ou une ampoule rougie y brille, tandis que des fruits sèchent devant des photos racornies. L'âtre n'est souvent qu'une dalle de pierre bordée de moellons entre les lates du plancher. Sur un trépied cerclé une bouilloire ou une gamelle est exposée à demeure aux flammes.
On est frappé dans ces salles profondes de l'ordre qui règne. Les armoires cachent les instruments de la cuisine, les vêtements, et les outils sont rejetés dans les salles latérales dans la cour. Une impeccable propreté s'impose au sol comme aux meubles. Est-ce là la force d'un matriarcat affiché ou simplement l'absence de l'homme qui, de fait, n'apparaît jamais dans nos visites ?

Les vêtements Mosus

Le pays Mosu a un climat rude ; le vêtement ordinaire y est épais, souvent matelassé. Les couches s'empilent volontiers. Les femmes portent des jupes longues, unies, bleues, grises ou blanches, décorées de quelques lignes colorées. Sous la veste de gros coton, la blouse est attachée latéralement. Une large ceinture de tissu la ferme, le col monte haut et un ample foulard prend souvent le relai pour cacher le cou. La coiffe est un turban de couleur vive, rouge ou rose. Souvent dénoué, il encadre alors le visage, pour le protéger du vent et du soleil. Parfois une peau de mouton est jetée sur l'épaule, ajoutant une tache d'élégance blanche ; la peau est à l'extérieur et le poil blanc et peigné se retourne autour du cou et derrière la tête. On la retrouvera sur toutes les femmes lors de la fête le soir.

Les hommes portent tous chapeau : de paille ou de tissu, parfois de cuir. Leurs gilets sans manches, sont ouverts sur des chemises de couleur, contribuent à leur  conférer la silhouette désinvolte d'acteurs de westerns. 

Le soir venu, réunis autour d'un feu de bois, ils passeront une veste chamarrée et brodée, aux manches amples, aux revers de couleur, tant au bras qu'au col. Une large ceinture les barre en deux d'un ruban, rouge souvent. Leur pantalon noir bordé d'un lien vif, plonge dans les bottes et le chapeau se porte crânement sur le front, un pan relevé sur une plume parfois.

Les femmes aussi sortent leurs soieries brodées d'amples motifs de fleurs. Les cheveux sont remontés sur la tête en nappes lourdes qui se mélangent à une coiffe noire, en bandeau, où sont piqués des colliers de perles, de jade et d'ambre. De gros bouquets de fleurs, roses et camélias, complètent cet impressionnant échafaudage qui résistera cependant aux processions et aux quadrilles de la soirée.

 

 

Si vous souhaitez en savoir beaucoup plus sur la société Mosus, consultez le site du Mouvement Matricien (non, non, je ne suis pas un inconditionnel de la cause matricienne, mais saluons ce site bien fait et fermons les yeux sur son prosélytisme).

Les visites guidées

 

A la rencontre des Mosus



L'habitat des Mosus

 

 


L'eau du lac Lugu

" ... le fond vermiculé du pâle madrépore ..."

 

 

 

 

 

 

 

Les petits bonus

Danse auprès du feu à Luoshui


henri

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© henri maître  - le 20 novembre 2015