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Les QiangsNord-Ouest du Sichuan - 2010-2017 - Henri Maître
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Minorité Qiang ... Qiang zú en pinying
Carte du Sichuan Les autres minorités :
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Les Qiangs en ChineLes Qiangs, je ne les connais pas et je crois ne les avoir jamais rencontrés, si ce n'est, sans le savoir, lors de mon voyage au Kham, en m'arrêtant dans le Danba. Il semble que les tours de guet, appelées "tours himalayennes" parfois soient leur oeuvre, encore que certains auteurs les attribuent aux tibétains. On voit également des costumes et des objets de la vie courante des Qiangs dans certains musées. Un jour probablement j'en saurai plus et pourrai alors leur accorder ici une place à leur mesure. Pour l'instant ce n'est qu'une page de bric et de broc pour ne pas les oublier. Les Qiangs sont issus de la famille linguistique sino-tibétaine, mais, avec les Pumis, ils appartiennent à ce groupe linguistique un peu singulier appelé qianguique (parfois assimilé au groupe tibéto-birman), répandu dans l'Amdo et le Nord-Est du Kham, en particulier sur les hauts plateaux du Qinghai. Ils disposent d'un district autonome au Sichuan à Beichuan (au nord de Chengdu) où se trouve un musée ethnologique qui leur est consacré ; ce district fait partie de la préfecture autonome Aba (ou Ngawa) qu'ils partagent avec les Tibétains. L'histoire des Qiangs est assez confuse car leur nom semble avoir été attribué à divers groupes, souvent nomades, et parfois aussi collectivement à tous les barbares de l'Ouest. On retrouve leurs traces depuis plusieurs milliers d'années dans les régions montagneuses du Qinghai, au Nord-Ouest de la Chine, assez loin des régions qu'ils occupent actuellement. Ils sont au contact avec les Tibétains d'une part au Sud-Ouest, les Mongols, au Nord, les Lolos (ou Yis) à l'Est et au Sud, et bien sûr les Hans qui remontent du bassin central de la Chine le long des grands fleuves. Minorité puissante aux tout débuts de l'empire chinois (1000 ans avant notre ère), ils sont soumis par les Hans, se révoltent en 300 ; érigent une dynastie (les Jins de l'Ouest) de 313 à 420 ; bataillent avec les Tibétains du VIIe au Xe siècle, qui raflent une grande part de leur territoire, ne laissant qu'une petite communauté indépendante, celle qui a donné naissance aux Qiangs modernes. Cette histoire tumultueuse et floue permet de les faire apparaître parfois comme des ancêtres des Hans,ou comme une sous-branche des Tibétains. Pour l'historien, il n'est pas clair que les Qiangs mentionnés sur des os gravés dans les temps anciens soient les ancêtres des Qiangs actuels et de nombreux auteurs prennent soin de préciser Qiangs modernes pour préserver une possible distinction. Ce sont des agriculteurs et des éleveurs de moutons et de chevaux (ils ont beaucoup contribué à la remonte des armées impériales), vivant surtout dans la montagne. Leur société distingue les propriétaires des terres et les métayers qui s'en occupent. Leurs villages sont des gros bourgs aux maisons de pierre, solides, maçonnées, de deux ou trois étages, dont les murs, en léger trapèze, rappellent l'architecture tibétaine. Les murs sont fort épais, sans charpente, avec des fenêtres étroites. Les étages supérieurs reçoivent souvent de belles terrasses protégées ou des balcons de bois sculptés. On y fait sécher le maïs. C'est là aussi que se place l'autel des ancêtres. Mais ce sont surtout les tours qui font la réputation de l'architecture Qiang. Tours de 20 à 30 mètres, très étroites, à base carrée ou hexagonales, elles parsèment le paysage, en particulier dans le Danba (la région de Solo par exemple) où l'on en voit souvent, d'un coup d'oeil, une douzaine sur le flanc d'une montagne. Ces tours, probablement destinées au guet, mais aussi peut-être témoins ostensibles de la richesse des familles, ont été construites entre les années 500 et 1800. Les Qiangs sont également célèbres pour leurs ponts suspendus jetés en travers des hautes vallées du Sichuan, ponts de cordage et de bambou, dont les plus longs dépassent 100 m de portée. Leurs pistes aussi sont fameuses qui traversent les montagnes dans les forêts de rhododendrons et de mélèzes. Les Qiangs sont animistes. Ils font une grande place aux esprits de la forêt. Chaque village dispose d'un morceau de forêt sacré où l'on ne coupe ni l'herbe ni les arbres. Le culte des ancêtres est également important. Leurs chamans, appelés shibis sont également les gardiens des traditions anciennes, tenus à retenir par coeur l'histoire du peuple Qiang puisqu'il n'y a pas de pratique de l'écriture chez les Qiangs. Comme les Yis, ils procèdent à la crémation de leurs morts. Les pratiques religieuses Qiangs ont été beaucoup influencées au cours des époques d'occupation, d'une part par le confucianisme Han, d'autre part par le lamaïsme tibétain. Leurs vêtements sont de coton ou de laine, souvent doublés de peaux de moutons ou de chèvres. Leur habileté en broderie est célèbre dans le Sichuan. Les hommes portent un turban. Ils utilisent également les fourrures des animaux de la forêt, chats sauvages, ours, daims, singes, ... pour agrémenter leurs coiffes et leurs parures. Leurs bijoux exploitent les nombreux minerais des montagnes du Sichuan, cuivre, argent, fer, mais aussi la nacre, l'ivoire tiré des griffes des animaux sauvages, la corne. Traditionnellement, ils fument une plante locale "la feuille d'orchidée" qu'ils sèchent et roulent comme le tabac (F. Grenot-Wang) On retrouve trace des Qiangs (qu'il appelle Sifans) dans l'ancien livre du Dr Legendre. Il y décrit un peuple agréable, propre, organisé, aux villages bien mieux tenus
que ceux de leurs voisins les Lolos (ou Yis). A ce peuple pacifique autant que les Lolos sont bagarreurs, Legendre prédit une disparition rapide , noyé sous l'envahisseur Han. Il leur reconnaît pourtant de
grands atouts pour défendre des montagnes profondes aux vallées étroites qu'ils connaissent parfaitement : excellents cavaliers, très bons tireurs, ils ont une vie sociale riche et bien organisée
au sein de petits royaumes très inter-dépendants.
"Deux femmes, cette fois, nous accompagnaient, et ce furent elles que le chef du clan chargea des plus lourds fardeaux. Elles étaient vêtues de robes de
laines de la couleur de la bure. La robe
superficielle, fendue de haut en bas sur les deux côtés, ressemblait à un long tablier double. La coiffure était un large feutre gris qui les abritait aussi bien de la pluie. Ces femmes étaient très
gaies, paraissaient jouir du meilleur caractère. Quand l'un de nous prononçait un des mots sifans appris le long de la route, elles riaient de bon coeur.
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Les visites guidées
Costumes et bijoux Qiangs Et quelques photos
Maison Qiang
Maison Qiang
Les tours Qiangs |
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