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Les Shuis de Jiuo Qian et de Zhou QinDistrict de Libo, Guizhou - juin 2015 - Henri Maître
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![]() Minorité Shui ou Sui ... Shui Zú en pinying
Les autres minorités :
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On l'appelle le Peuple de l'eau, la minorité Shui, la bien nommée en ces jours de pluie battante où je lui rend visite.
Elle occupe le coeur du Guizhou, dans le district de Libo. Le premier village que nous devions voir, qui l'an dernier était encore
un haut-lieu de la culture Shui a disparu, remplacé par une petite ville toute neuve, toute pimpante de béton frais.
Nous nous rabattons sur le village de Jiuo Qian
un peu plus loin, perdu dans des rizières d'un vert claquant sous la pluie. Une grande place circulaire, pavée, judicieusement en pente pour recueillir
les eaux du ciel, en son centre, une belle bâtisse neuve, en bois rouge, sur pilotis dans le style traditionnel, accueille le musée local de la culture Shui. Autour de la place
des maisons, anciennes elles, affichent l'opulence de leurs propriétaires. Ce sont de grandes demeures de commerçants, en bois assez clair. Pas de pilotis au rez-de-chaussée
mais ce qui ressemble à des bureaux. Une vaste porte s'ouvre sur une cour, où l'on devait rentrer les chariots.
Les rizières aux portes de JiuoQian Les Shuis appartiennent au groupe linguistique Zhuang-Dong (sino-tibétain) et partagent une partie de leur vocabulaire avec les Dongs. Leur langue est cependant originale avec un nombre incroyable de consonnes (on dit 70). Ils disposent aussi, chose rare, d'un langage écrit, mélange curieux de pictogrammes et d'idéogrammes (mais pas ceux du chinois comme on aurait pu le penser). Cette écriture (appelée shuishu) n'est plus réservée que pour la vie religieuse. Elle ne compte que quelques centaines de symboles, tous liés à l'expression de la magie et des incantations animistes à la nature qui forment le corpus de leurs prières. Ces symboles ont été également retrouvés sur des écailles de tortues ou des os vieux de deux mille ans. Une légende shui prétend qu'une toute petite partie d'un livre ancien seulement à été conservée de l'enseignement des grands anciens, qui explique la rareté actuelle des pictogrammes. Comme plusieurs autres minorités, les Shuis, ont une tradition ancienne de tambours de bronze
L'origine des Shuis serait à rechercher dans les anciennes tribus LuoYue dont on a identifié des traces au VietNam il y a 5 000 ans puis qui se sont installées dans le sud Guizhou.
On les retrouve dans des écrits à partir de la dynastie Tang (7e au 11e siècle).
Tambour de bronze et son instrumentiste Les vêtements des femmes Shuis sont des blouses boutonnées à droite, brodées au cou et le long du bord. De couleur sombre (bleue, brune, verte ou grise) pour les femmes âgées plus claires pour les jeunes. Elle se porte sur un pantalon sombre, généralement brodé aussi. Les broderies sont particulièrement élégantes : oiseaux, branches ou fleurs stylisés, donnant au motif un aspect abstrait, de couleur vive, selon un tracé impeccable. La coiffe est un curieux turban de coton, aux extrémités frangées, replié sur la tête et fixé par une épingle. Noire souvent, elle est parfois blanche. Les femmes âgées portent souvent de nombreuses bagues en métal assez grossier. Sur les marchés elles arborrent peu de bijoux, si ce n'est des anneaux d'argent, très simples, en collier ou en bracelets. Les hommes ne portent plus l'habit traditionnel, au demeurant très simple : veste et pantalon de toile teintés à l'indigo.
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Les visites guidées
Les petits bonus Pictogrammes Shuis (musée de JiuoQian) |
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