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Tays et Nung du VietNamAsie du Sud - 2017 - Henri Maître
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Minorité Tay appelée aussi Thô
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Les TaysLes Tays forment la seconde minorité du Vietnam selon la classification officielle de 1979. Ils viennent après les Viets (ou Khins) qui forment une large majorité de la population. Ils sont environ 1,5 million aujourd'hui. A la différence de beaucoup de minorités, ils occupent des territoires qu'ils ont toujours occupés, aussi loin que remonte les documents écrits : le massif montagneux au Nord-Est du Vietnam, à l'Est du Fleuve Rouge et de la Rivière Claire. Ils appartiennent au groupe linguistique Kam-Thaï et à la famille linguistique Tay-Kadaï. Au Vietnam ils sont proches des Nungs. Hors du Vietnam, ils ont de nombreux points communs avec les Zhuangs du Guangxi. Ils ont eu de nombreuses occasions de s'associer à eux dans des royaumes plus ou moins indépendants lors des vaticinations géographiques de l'Empire du Milieu La culture Tay
Les Tays vivent dans les vallées, le long des rivières. Il leur faut beaucoup d'eau autour des maissons pour entretenir des élevages de poissons, de grenouilles, de canards. Ce sont des agriculteurs qui font pousser le riz, les patates douces, les cultures maraichères autour des villages. Sur les collines ils ont planté du thé et des arbres fruitiers : pêches, poires, abricots. Dans les forêts ce sont de gigantesque bambous qui serviront aux clôtures, aux tuyaux, aux échelles et même aux nattes. Les fermes hébergent des buffles pour les travaux agricoles, des vaches pour le lait et la viande, des porcs, des poulets en grande quantité. Les Tays sont animistes, pratiquant le Culte des Génies de la Terre du foyer (voir Les ethnies minoritaires du Vietnam - Dang Nghiem Van et al.), mais le Bouddhisme, le Confucianisme et le Taoïsme les ont beaucoup influencés dans leur pratique. Toute maison dispose en son centre d'un autel des Ancêtres qui sépare la maison en une partie mâle et une partie femelle. Notons qu'Ho Chi Min a tout naturellement trouvé sa place dans ce petit panthéon. La culture Thai s'est transmise au cours des siècles, tout d'abord à l'aide d'une écriture inspirée des caractères chinois (le nôm Tay), dès le XVIe siècle, probablement inspirée par la culture dominante Viet, puis une écriture romanisée (partagée avec les Nungs), introduite par l'occupation française. Le village et la maison Tays
Nos rencontres des Tays se feront dans le massif de Tay Con Linh au Nord-Ouest de Ha Giang, dans le gros bourg Tay de Phuong Dò. La frontière chinoise est à Thanh Tùy à moins de 15 kilomètres. Villages nets, paysages bucoliques et proprets de cultures de riz et, sur les collines, de thé. De l'eau partout, de grosses fermes cossues sous leur épais toit de latanier. Leurs pilotis dévoilent des appentis bien rangés, où dorment des motos et des ustensiles agricoles, parfois un motoculteur ; les porcs sont discrets et les chiens accueillants ; des coqs courent partout, en quête probablement des poules que l'on ne voit guère. L'étage est de bois gris, patiné par les pluies. Il s'ouvre de baies sans vitres que protègent des volets. Peu de galeries ou de terrasses. Des bassins partout, où s'ébrouent des canards se déversent les uns dans les autres par de savants réseaux de bambous qui noient des cressonnières ou des semis de riz. De gros rochers noirs et luisants ponctuent les jardins, faisant en miniature un tableau du pays tout entier, hérissé de ses blocs karstiques. Les gens vont aux champs sous leurs chapeaux coniques, bottés de couleurs vives, chasubles grises tombant aux genoux, pantalons noirs pour les hommes et les femmes. Ils ont à la ceinture, glissée dans le dos, une serpe dans son fourreau de cuir et sur l'épaule, qui une pique ou une fourche, qui des seaux suspendus à un bambou. On verra par la suite nombre de tenues plus habillées : un gilet noir avec ou sans manches garni de quelques broderies vertes horizontales sur la poitrine, en guise de fermeture ; un anneau d'argent tout simple sert de collier. Le costume Tay
Les Tays que nous avons rencontrés se distinguent par leur costume généralement noir, constitué d'un pantalon court mais ample ou d'une jupe au genou et d'une veste droite, barrée horizontalement de cinq ou six liserés verts. Le chapeau est le cône de bambou léger traditionnel ; dans les villages, et surtout chez les femmes agées, il pourra être remplacé par une toque de tissu sombre ; un grand sac fourre-tout, rectangulaire, en tissu, est souvent accroché à l'épaule. Les pieds sont chaussés de bottes dans les rizières et de sandales sur les chemins. Les bijoux sont sobres, cercles d'acier ou d'argent autour du cou ; parfois une petite fleur en argent ou en or orne l'oreille. Les tenues des hommes ne se distinguent pas du tout du vêtement Viet que l'on rencontre partout dans le pays.
Les NungsIls occupent à peu près les mêmes paysages que les Tays, peut-être un peu plus à l'Est. Ils sont encore près d'un million, mais peu sont restés dans la montagne. La maison est un peu différente de la maison Tays : elle dédie une pièce particulière qui reçoit l'autel des ancêtres et sert de salon pour les visites et les discussions. Elle est séparée des chambres à coucher. Les Nungs sont connus pour leur excellence dans l'agriculture maraichère. Ils alimentent abondamment les marchés de la capitale et des grandes villes du Nord en légumes et en fruits. Nous n'avons pas pu voir de costumes traditionnels Nungs.
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Les visites guidées
Les Tays du Tonkin sur le terrain
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