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Les Tibétains de Chine

Au Sichuan (Kham) et au Yunnan - 2010-2018  -  Henri Maître

 

 

 

Minorité tibétaine ...   Zàng Zú en pinying

 

 

Les cartes

Carte de Chine

 

Carte du Tibet au Sichuan et au Yunna : les Tibétains de l'Amdo et du Kham

 



Mes voyages au Tibet

  • Le Sichuan, trek au Kham : Derge, Garze, etc. 2010
  • Les hautes vallées du Yunnan : Zhongdiang alias ShangriLa, 2013
  • Le Sichuan : de Kanding à Litang, 2018


Le petit bonus photo


Coiffes, coiffures et chapeaux
la diversité du Tibet



Les autres minorités :

 

Les Tibétains en Chine

Sujet vaste et brûlant que celui des Tibétains (les Zàngs comme on les appelle ici), même si l'on ne discute que des Zàngs de Chine et non de leurs cousins de la Région Autonome du Tibet selon la dénomination chinoise. Disons-le tout de suite, nous ne l'aborderons que de façon très superficielle et touristique, laissant à d'autres tribunes les sujets qui fâchent ... et qui sont nombreux ! (on lira avec intérêt à ce titre l'ouvrage de Patrick French)

Rappelons que le Tibet est historiquement distribué dans trois grandes régions : l'U-Tsang, autour de Lhassa, au coeur de l'arc himalayen, le Kham, à l'Est, à cheval sur la Chine, et l'Amdo, au Nord Est de l'U-Tsang, très largement dans l'actuelle Chine, jusqu'aux frontières de la Mongolie. Au regard de l'administrateur chinois, l'U-Tsang compose la Région Autonome du Tibet, tandis que les deux autres régions ont été partagées entre diverses provinces chinoises : le Kham entre le Yunnan et le Sichuan, et l'Amdo entre le Qinghai, le Gansu et le Sichuan.

Seuls les tibétains du Kham et (un tout petit peu) de l'Amdo contribuent à ces lignes. Il nous a été possible de les rencontrer :

  • au Yunnan, où ils occupent les hauts-plateaux de l'extrême Nord-Ouest, dans les hautes vallées des grands fleuves qui sillonnent profondément l'espace : le Yangtsé, (au-delà du Saut du Tigre), le Mékong, la Salouen et l'Irrawaddi ; la préfecture autonome tibétaine de Dêgên, dont le chef-lieu est la ville de Zhongdiang, rebaptisée Shangrila pour mieux capter les touristes, abrite aussi un xian autonome : Lisu.
  • au Sichuan, où ils sont présents dans tout l'Ouest, dès les portes de la capitale Chengdu, puis de plus en plus densément lorsqu'on quitte la plaine et les vallées : dans la préfecture autonome de Garze principalement ainsi que dans le xian de Muli de la préfecture de Liangshan .

L'architecture tibétaine

L'architecture tibétaine offre une très grande variété de styles. A l'exemple de la société tibétaine, elle fait le grand écart entre des niveaux sociaux aux antipodes les uns des autres.

Les milieux les plus modestes dans les forêts de l'arrière-pays, loin des villes cossues et des monastères très cossus, sont souvent abrités dans des maisons extrêmement misérables. Les murs sont constitués, de l'intérieur vers l'extérieur, de branchages habilement tissés selon un motif assez savant, recouverts de boue séchée pour en garantir l'étanchéité puis d'un lattis de grosses branches, ou parfois, par chance, d'un véritable mur de rondins. Les toits, de guingois, sont couverts d'un chaume mince constitué de feuilles larges, parfois de lattes de bois. La maison sera peut-être sur un plancher, laissant quelqu'espace pour ranger le foin ou le bois, mais bien souvent le sol est de terre battue, de plain-pied avec le jardin, avec l'enclos du bétail, ouvert à tout vent. La pièce à vivre est un seul vaste domaine, peut-être fragmenté en alcôves par des claies de branchage tissé. Au centre un foyer de pierre ou de glaise, colossal avec deux ou trois marmites à demeure, plusieurs âtres nourris au bois. Sur les flancs, des coffres servent d'armoires et des planches ou de grosses pierres font office d'étagères. Quelques tabourets de bois d'à peine vingt centimètres attendent la famille. Un trou laisse échapper par le toit l'abondante fumée du fourneau. Des barres de bois courent au plafond où pend du linge qui sèche ou des aliments que l'on fume. Pas d'électricité à demeure bien sûr, si loin de tout, mais un panneau solaire recharge les batteries du portable et alimente, à travers une batterie de voiture, une ampoule tremblotante et, parfois, un téléviseur désuet. De plus en plus, le ronron d'un petit groupe électrogène prend le relai la nuit. Pas d'eau courante à moins qu'un petit ruisseau, détourné dans un tuyau, n'alimente un "coin-cuisine" ... Ce sont des huttes plus que des maisons et les dernières traces du moyen-âge qui sévissait ici il y a cinquante ans (on reliera pour s'en assurer l'excellent livre d'Hisao Kimura).

Est-ce que ces huttes sont au bas de l'échelle sociale ? Oui, pensons-nous, car même les nomades qui passent l'année sous la tente nous semblent disposer d'un confort plus attrayant.

On les rencontre l'été plus haut encore dans les pâturages. Ces tentes sont plantées dans un paysage grandiose de montagnes encore enneigées et de lacs, posées sur une herbe grasse jonchée des fleurs les plus variées où se distingue le pavot bleu. Les larges tentes noires, de poils de yacks tissés, s'étirent dans les prairies, par deux ou trois, écartelées par leurs cordages, soutenues par des poteaux comme de fortes araignées sur des pattes grêles. Elles sont entourées ici encore de palissades basses faites de branchages entremêlés pour écarter le bétail. Si l'on est un peu grand, on n'y tient guère debout, mais elles sont vastes, assez pour accueillir une douzaine de personnes. Là aussi, le coeur en est occupé par un large foyer en terre séchée qui accueille, là aussi, quelques casseroles. Les fumées s'échappent par une large fente au centre de la tente. On retrouve tout autour des matelas du couchage, minces et durs, des couvertures roulées, des coffres pour les vêtements. Il y a là, en moins froid, en moins poussiéreux, tout ce qu'abritait la cabane de bois. Mon âme nomade élit la tente contre la hutte !

Les maisons bourgeoises sont à l'opposé de ces demeures de fortune. Les bâtiments de deux ou trois étages, en grosses pierres, sont impressionnants de solennité. Ils se remarquent dans les villes ou même dans les villages par leurs belles façades colorées percées de fenêtres étroites, à cloisonnements de bois, souvent ornées de ventaux sculptés et peints. Les façades sont parfois agrémentées de balcons ou de terrasses plates. Leurs murs sont en léger trapèze, donnant naturellement plus de hauteur aux édifices et offrant une lumière particulière aux rues étroites. Passées une ou deux marches, les portes s'ornent de fortes grilles sculptées de dragons, de grues et de phénix pour accueillir le visiteur dans la certitude d'une félicité durable. Peu de jardins ici, pas de cours. La vie se tient dans le bâtiment et s'étend à l'étage où l'on trouve le salon souvent, tables basses, coussins profonds meubles de bois peint ; une ou deux chambres s'ouvrent aussi, ou parfois encore à l'étage supérieur. Chaque maison est un petit immeuble et dans l'alignement des rues, les structures sont rompues par des déboîtements de façades ou d'étages, par des escaliers, des surplombs. La ville tibétaine est bien différente de la ville chinoise. Sur le flanc Est du Kham, dans la vallée de Suolo, près de Danba, le style tibétain, fortement mêlé d'inspiration Qian, s'épanouit dans l'architecture la plus accomplie.


Les temples viennent couronner cette escalade de respectabilité. Placés le plus souvent au-dessus de la ville de façon que nul n'ignore leur rôle, ils s'entourent de murs puissants, puis empilent avec un vrai bonheur d'esthétique spontanée les bâtiments trapézoïdaux aux terrasses plates, aux façades savamment colorées, jaunes et ocres, les entrées solennelles, flanquées de colonnes taillées dans des fûts millénaires peints au vermillon, les portes béantes sur des abîmes de bouddhas bienveillants ou goguenards ou terrifiants, protégés par leurs gardes en armes et des ténèbres chargées de mélopées et d'encens, leurs chortens à bulbes immaculés, leurs rangées de moulins à prière grinçant au vent. Il faut que flottent sur cette minéralité les bannières tendues d'un toit à l'autre, il faut que courent des moinillons en bure rouge et que tournent les vieilles ou qu'elles se jettent au sol dans l'expression d'une dévotion extrême pour que cette excroissance prodigieuse de la montagne quitte le monde de la pierre et de l'éternité et rejoigne pour un instant l'humanité vivante.


Habits et costumes

La variété des habits portés au Tibet est importante et la diversité des tissus, des coiffes, des bijoux est remarquable, chaque vallée se distinguant en cela de sa voisine. Le grand manteau (ou chuba) traverse tout le plateau tibétain mais se décline lui aussi de façons très variées : en laine ici, en peau de mouton ou de chèvre là, brun, blanc ou gris, jusqu'au genou ou tombant aux chevilles, généralement brodé et rehaussé de pierres pour les cérémonies. Il est porté souvent à demi-enfilé, le bras droit restant dégagé. Il est retenu à la taille par une ceinture de laine ou de corde. Les manches sont fort longues et, sur le bras couvert, elles reviennent souvent en de nombreux plis. Lorsque la neige tombera, les mains disparaîtront totalement. L'ample abri que dispense le manteau sur la poitrine est réquisitionné pour transporter tout le bric-à-brac indispensable pour la journée et fait office, pour les femmes de sac-à-main, pour les hommes, selon les cas, de trousse à outils, d'attaché-case ou de sac-à-dos.

Les hommes sont coiffés d'un chapeau de cuir ou de feutre façon stetson, droit, élégamment cabossé, à larges bords. Il s'orne volontiers d'un galon ou d'une plume.

Parfois leurs cheveux longs sont ramenés en torsades sur la tête et mêlés à un ruban rouge qui leur ceint le front. Cette façon de se coiffer est aussi souvent celle des femmes qui ajoutent alors un bijou de corail, de turquoise et d'argent pour compléter la parure. Les hommes portent volontiers une boucle d'oreille, de préférence à gauche, d'argent aussi. Les femmes sont très parées, dès qu'elles sortent de chez elles, que ce soit aux champs ou au marché. Les bijoux ornent la tête, le cou, la poitrine, les chevilles. Ils sont toujours volumineux et rarement très travaillés, associant volontiers des ornements colorés, rouge façon corail, bleu-vert façon turquoise ou améthyste, les montures sont plutôt d'argent mais on voit aussi un peu d'or. Pour parachever l'élégance, si la fortune le permet, deux canines d'or viennent éclairer le sourire des femmes. Au côté pend fréquemment une lourde boite à prière d'argent, mi reliquaire, mi amulette. Que contient-elle ? Quelque formule jamais lue ? Quelqu'image d'un bonze oublié ? Plus certainement rien, mais elle bat la hanche au rythme des pas rapides et accompagne la femme tout au long du jour.

Fête des Chevaux de Litang

La fête des chevaux est l'un des grands rassemblements traditionnels du peuple tibétain. Il se tient sur les hauts plateaux à l'extrême Ouest du Sichuan, dans la petite cité de Litang. Mais Litang est une ville très turbulente, c'est un centre religieux majeur du Tibet en raison du monastère Maitreya (ou Thupten Jampaling), qui tient une place très importante dans la hiérarchie des temples tibétains et qui est un nid de protestations régulières depuis les premiers temps de l'ère communiste. Pour cette raison, la fête des chevaux a été interdite depuis dix ans et n'a repris, sous très haute surveillance, qu'en 2018. Elle regroupe, sur le vaste plateau au sud de la ville, quelques centaines de tentes, abritant pour quelques jours des délégations de toutes les vallées alentour, et quelques milliers de ces petits chevaux que l'on parera pour l'occasion des plus belles selles, de longs tapis à pointe qui se prolongent sur les flancs, de mors ouvragés qui mêlent cornes de biches et fers martelés, de rubans tressés dans les crins, de longues banderoles sur le poitrail, sans oublier les guirlandes de grelots qui annonceront de loin le cavalier si ses cris de joie et les interpellations incessante des autres cavaliers venaient par surprise à s'interrompre un instant.

Les visites guidées

 

Les Tibétains au Kham
Sichuan et Yunnan



L'habitat tibétain
Architecture : de la tente au palais



Trésors du Musée de Lhassa
exposés au musée du Zhejiang à Hangzhou en 2018



Le Festival du Cheval
à Litang (Kham) en août 2018



Monastères
Lamas, moines et nonnes



Peintures et Décors
civils et religieux



henri

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© henri maître  - le 1 décembre 2018