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Les Yaos (ou Lu Mien ou Daos)Dans les YaoShan du GuiZhou - juin 2015 - Henri MaîtreDans les montagnes au Nord du Vietnam - août 2017 - Henri Maître
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Minorité Yao ou Lu Mien ...yáo zú en pinying
Les autres minorités :
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Les Yaos forment l'une des communautés importantes de la Chine du Sud : importante par son nombre, mais aussi par son histoire qui remonte à plus de 2000 ans. Ce peuple d'agriculteurs et de chasseurs s'est établi en montagne, en altitude, vers 1000 mètres. Bénéficiant d'une charte impériale du 13e siècle les libérant de l'impôt et de la conscription, il s'est constitué en petites communautés assez isolées et indépendantes, sous l'autorité du chef de village. Les Yaos vivent de l'exploitation de la forêt, et souvent de cultures sur brûlis. Ils se déplacent fréquemment et sont des sujets turbulents de l'empire, prompts à la rebellion. Les règles de la République Populaire les affectent particulièrement et beaucoup traversent la frontière lors des grandes réformes.
Deux grandes familles les structurent : les
Miens et les Mums plus au sud. Ce sont surtout les Miens
que nous avons vus. D'autres groupes ethniques leur ont
été rattachés au sein de la minorité Yao par la loi de 1949, mais ils n'en
partagent ni la langue ni l'histoire. Les Yaos appartiennent
au groupe linguistique Hmong-Mien de la famille Hmong. Ils
n'ont pas de langue écrite. Les Yaos sont
taoïstes depuis plusieurs siècles, mais avec une forte
persistance de traditions animistes venues de leur
lointain passé.
Les Yaos "Pantalons Blancs" des YaoShanParlons de ce second site et du village de LaPian, dans le district de Libo, perdu dans le creux d'une montagne ruisselante des pluies de printemps, peuplé de Yaos "Pantalons Blancs". Les maisons noires accrochées à la place du village escaladent les versants. Ce sont les diadjiaolous, typiques des peuples montagnards, Yaos, Meos, Yis, ... maisons à deux étages, sur pilotis. Les piliers sont interrompus de pièges pour les rongeurs : poteries, métal, disques en surplomb. Le niveau bas est pour les animaux, les instruments et des brics-à-bracs d'outils anciens et modernes. Une galerie court devant l'étage où sèche le maïs et le riz, où s'entassent des panières, sèche du linge, se reposent les aïeules. Tout semble de bois à l'intérieur de la vaste pièce. Quelques chambres, minuscules, s'ouvrent là, mais la surface est surtout vide. Au centre, sur des cailloux qui remplacent le plancher sur un mètre carré, un âtre sommaire avec une marmite ou bouilloire à demeure semble t'il. Le long d'un mur, un évier de pierre, encadré de grandes jarres de pierre aussi. Parfois un métier à tisser ancien, mais toujours chargé d'un travail en cours, Une vétuste machine à coudre, à pédale, Deux ou trois tabourets, des vêtements accrochés au bord du toit et des coffres contenant les habits de rechange. Parfois le blanc d'un congélateur repousse un peu l'obscurité. Car il fait très sombre, le jour parvenant par de chiches ouvertures du toit, où un bout de carreau remplace deux ou trois tuiles. Un extincteur, seule tache de couleur est toujours présent, qui nous rappelle qu'avec l'intrusion (sur des fils précaires et dans des montages hasardeux) de l'électricité, c'est le feu qui menace chaque famille.
Les vêtements au quotidien sont simples. Les femmes
portent une jupe au genou, évasée, de couleur, bleue
souvent, rayée d'une ou deux rayure noire, blanche ou
bleue sombre. Par dessous, un pantalon noir, à
mi-mollet. La tunique noire est très particulière. Elle
est constituée de deux panneaux l'un avant, l'autre
arrière, attachés ensemble sur les épaules et par une
ceinture à la taille; mais laissant une large ouverture
sous les bras. Dans les village elle n'est pas portée à
même la peau, et un pull léger complète la tenue et
limite cette béance indiscrète. La coiffe semble
surtout portée par les femmes agées.
Elle est de tissu
noire, formée d'un turban simple refermé à l'arrière
d'un petit toit pointu autour duquel s'enroule
quatre fois un lien de corde blanche bouclée par un
noeud simple et caractéristique, les deux extrémités
libres pointant vers le ciel.
Les femmes Yaos
gardent leurs cheveux très longs, ne les coupant qu'une
ou deux fois dans leur vie. Ils sont ramenés sur la tête
en amples masses très caractéristiques. Peu
notable dans le sud-ouest, cette tradition nous a semblé
particulièrement vivace vers Longji.
Les Yaos Rouges de YuangLuo près de LongjiSi les "Pantalons Blancs" de LaPian sont noyés dans la forêt, les Yaos Rouges de Longji ont remodelé leurs montagnes en rizières d'altitude. Les dénivelés sont forts depuis la vallée et il aura fallu toutes les compétences de ces sacrés montagnards pour rectifier les pentes abruptes, aplanir les lopins enroulés à flanc de colline et domestiquer les torrents de façon qu'ils irriguent ce formidable réseau de parcelles en gradins. Dans le village, les maisons sont plus cossues, avec de belles façades à deux ou trois étages, des ruelles bien tracées, des alignements respectés. Les petites boutiques ambulantes de nouilles et de saucisson, de fruits, de pains-vapeur et de rats fumés y attendent le client comme dans une vraie ville. Les tenues des femmes sont noires, parfois, de couleurs vives le plus souvent : vestes rouges ou roses, brodées de noir et de blanc : col en Vé ouvert bas sur un chandail, ceintures larges, de couleur, brodées, pantalons serrés noirs. Les coiffures prennent ici une place exceptionnelles, qu'elles soient déployées lors d'une toilette ou roulées en flots épais remontés haut sur la tête comme un turban de jai. Quelques bijoux d'argent simples aux oreilles, parfois un collier. Les vastes panières d'osier portent des légumes, du maïs ou un bambin. Parfois une coiffe noire, en turban, avec une courte pointe tournéee vers le bas sur le front, complète le costume.
Les Daos Rouges du Tonkin, de Ha Giang à Cao Ban (Vietnam)
Dans les montagnes du Vietnam, à la frontière de la Chine, plus de 600 000 Yaos sont installés,
que l'on appelle ici Daos, mais aussi Man, Trai, Dong, Diu Mien ou Kiem Mien. Ils sont venus de Chine
dans des vagues successives d'émigration, suivant les vicissitudes de la vie dans l'Empire du Milieu, depuis le
XIIIe siècle et cette émigration ne s'est pas arrêtée avant le XXe siècle. Les Daos Rouges ( Daos Dô)
forment une branche de ces peuples, à côté des Daos à Sapèques, des Daos à Tuniques, des Daos à Pantalons Courts
et de quelques autres. Les Daos vivent en montagne, autour de 1000 m. Ce sont de bons agriculteurs qui entretiennent
des rizières en gradins même sur les pentes les plus sévères et des plantations de maïs ou d'arachide sur les lopins les
plus exigus. Les paysages qu'ils habitent ont été complètement remodelés par cette agriculture exigente et offre, ici aussi, les plus délicieux spectacles au visiteur.>
L'habitat : dans le village de Sac XayAu Tonkin, les Daos occupent de nombreux villages très dispersés et quelques petites villes. Les plus reculés de ces villages sont bien loin des voies d'accès et montrent encore des traits inchangés depuis un siècle. Sac Xay, village Dao de cinq ou six maisons éparpillées dans des jardins, est l'un de ceux-ci. On l'atteint après quatre heures de marche sur un petit sentier étroit qui n'autorise le passage que de motos. La maison traditionnelle est toute en bois et son toit est en demi-bambou placés en alternativement à l'endroit et à l'envers, ou en planches larges d'une coudée au moins. Elle est de plain-pied (mais, à l'intérieur une échelle permet d'accéder à un grenier consacré au fourrage et au maïs). Le sol est de béton, autrefois de terre battue. Les murs, sans fenêtres, sont constitués de larges et épaisses planches jointives. Tout est en bois massif d'ailleurs, qui n'est pas rare dans les forêts voisines : une table-établi qui porte tous les instruments de cuisine, des pôts, des bouteilles, des panières, des bassines et de grandes marmites noircies ; une table basse à quatre places et des petits bancs de bois où mangeront les femmes et les enfants, une autre table basse et carrée pareillement, pour les hommes. L'âtre est un four de pierre au centre de la pièce qui reçoit son bois par des ouvertures de façade et accueille plusieurs marmites simultanément. Enfin une grandcruche de terre ou un récipient de plastique sert de réserve d'eau interne. Il est rempli à partir des citernes plus grandes qu'un homme qui trônent devant la maison et recueille par des bambous la collecte du toit. La partie réservée au sommeil est un peu de côté. Les murs sont tendus de nattes de fine lamelles de bambou tressé. Un faux-plancher court autour de la pièce, recouvert de nattes également. La pièce est très sombre, très noire en raison des fumées de l'âtre. Elle est éclairée toute la journée. Le jardin autour de la maison abrite des pois, une grande variété de choux, des courges et des arachides. Souvent, une vache est attachée p^rès de la maison par une corde de deux ou trois mètres, elle même liée à une grande perche en trébuchet. Les cochons ont un espace réservé, juste derrière l'habitation. Quelques poulets, quelques canards, parfois quelques chèvres complètent la basse-cour.
Les habits des Daos RougesLes femmes Daos Rouges se distinguent par leur coiffe. C'est un édifice complexe constitué d'un turban noir terminé par une bande rouge qui est ramené sur le front. Le tout est arrimé par des cordelettes de couleur, vertes ou jaunes, ou un ruban brodé de formes géométriques. Un pan flotte sur le cou à la façon des cols de marins, que la femme ramènera éventuellement sur la tête pour se protéger du soleil. La veste noire est ample, fermée à droite par quelques boutons, brodée aux manches de motifs colorés et terminée, sur l'avant, de deux pans, bordés d'un large galon, qui sont ramenés dans la ceinture. Le pantalon droit est noir. De lourds colliers d'argent frappé descendent en cercles concentriques autour du cou et de petites boucles d'oreille ornent les lobes des oreilles. Le vêtement de l'homme est sévère en comparaison : noir ou bleu marine, sobre et presqu'austère, la veste fermée au milieu d'une série de boutons, et pour coiffure une sorte de bérêt posé bien symétriquement. Les petits enfants entre un et trois ans) portent de curieux bonnets brodés oranges, rouges et blancs, en forme de toques, parfois dotés d'un pompon, ornés de pièces de monnaie ou de guirlandes de perles. Il ne m'a pas semblé que nous ayons vu de vêtements teints à l'indigo. L'indigo servait traditionnellement à teindre dans un noir/bleu métallique les habits Daos, mais il me semble que les tissus sont aujourd'hui de confection industrielle. Le vêtement de l'homme est noir, très simple. Il est souvent complété par un bérêt, noir également, porté symétriquement sur la tête et non rabattu sur l'oreille comme nos chasseurs alpins.
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Les visites guidées
Les costumes des Yaos à Pantalons Blancs des Yaoshan
Les Yaos Rouges de la région de Longji
Les Yaos Noirs près de LaPian (Guizhou)
Les Daos Rouges du Tonkin (Vietnam)
Les petits bonus Visite rapide du musée Yao de l'Avalonnais -
François de Mariave
(exposition Peinture des Lointains |
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