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Les Yis, ou LoLos, ... le peuple Tigre, fils de l'AigleYunnan - Sichuan - Guizhou - Vietnam - octobre 2013 à août 2018 - Henri Maître
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![]() Minorité Yi, ou Lolo ... yí zú en pinying
Le petit bonus
Zhyge Alu Les maisons yis et les symboles peints à leurs frontons
Motifs de tissu des LoLos du Vietnam
Elégantes Yis (crédit photo : Xiao Baï - Xichang)
Femme et enfant Lolo Hoa (fleur) (crédit photo : F.J.)
Les autres minorités :
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Les Yis en ChineAh, les terribles Yis ! Ils tiennent une place à part parmi les minorités, précédés d'une formidable réputation : farouches combattants, bagarreurs de haute lignée, bandits à leur heure, longtemps esclavagistes averrés qui rafflaient leur main-d'oeuvre dans les ethnies voisines. Ils se plaisaient aussi à exécuter les délégations qui les visitaient, qu'elles soient Hans ou occidentales, maints textes le rapportent. Ils ne portent pourtant ce nom que depuis l'instauration de la République Populaire, avant ils se désignaient comme Lolos, ou comme Nuosus, ou par quantité d'autres noms encore. Leur domaine couvre très largement le Yunnan, du Nord au Sud, et le Sud du Sichuan, avec une préférence pour les lieux montagneux d'accès difficile. Leur langue est du groupe tibéto-birman, une variante de la famille sino-tibétaine, mais elle se décline en dialectes différents (six au moins, qui ont tous les critères de vraies langues séparées). La langue est encore très vivante, pratiquée et enseignée (elle est obligatoire dans le primaire dans les préfectures autonomes de Lushiang au Sichuan ou de Honghe et de Chusiang au Yunnan), dans une version très populaire, rassemblée dans un vocabulaire assez réduit, mais adapté au fur et à mesure au monde moderne. Elle est dotée de 4 tons, mais surtout d'une quarantaine de consonnes qui rendent - paraît-il - sa pratique particulièrement difficile. Sa version écrite, classique, (appelée "écriture LoLo" ou "écriture Cuan") est plus obscure. La langue écrite est transmise dans les textes sacrés que ne lisaient que les initiés. Elle se retrouve dans un corpus considérable d'ouvrages traitant de tous les aspects de la vie sociale : la religion bien-sûr, mais aussi la médecine, la cuisine, la politique, l'agriculture, la nature ... aucun thème ne lui échappe. La langue orale, simplifiée, a donné naissance à une forme moderne d'écrit qui orne systématiquement tous les bâtiments officiels des préfectures à côté de la version chinoise (mais un peu plus petite, néanmoins), donnant des textes cocasses qu'ont du mal à lire les bimos, où l'on parle de banque, d'aéroport et de multimédia. Au physique déjà, les Yis se distinguent des autres ethnies du Sud : plus grands, plus bruns, les traits fins, souvent maigres, le nez aquilin. On les dit d'origine indo-européenne, mais une autre hypothèse voudrait qu'ils viennent du Nord-Est de la Chine. Allez-donc savoir ... Dans les textes des voyageurs (voir les écrits de A.F. Legendre, de Ch. François ou de H. d'Ollone), ils sont réputés très beaux, hommes et femmes, la beauté du diable probablement ... et sur le terrain, cela se confirme souvent.
Un peu d'histoireLeur histoire ancienne exacte n'est pas vraiment connue, des documents semblent les décrire au début de notre ère dans les montagnes du Sichuan, des Grandes Montagnes Froides (Daliangshan), puis on les identifie à divers peuples appelés Kunming ou Huo ou Wuman. Entre 650 et 700, des chefs de clan, Xinuolo puis Piluoge (sont-ils Lolos ?), créent un royaume puissant : le royaume Nanzhao, la "principauté du Sud" qui se maintiendra durablement face aux tentatives de reconquète des Hans, construira, avec ses alliés Baï, des cités (Dali), des routes, de nombreux temples, étendra son pouvoir jusqu'au Viet-Nam et s'effondrera en 902, éclatant en 3 états, un à Dali sous le contrôle des Baïs, un autre, le royaume Wumeng, au Guizhou, dirigés par des Yis Blancs. Lors de l'invasion mongole, au 13e siècle, les Yis s'allient aux conquérants et leurs chefs, les Zimos, s'établissent comme tuguan (la version mongole des tusis, les seigneurs régionaux), positions qu'ils batailleront pour maintenir sous les Ming. A la fin de la dynastie Qing, qui a repris le contrôle des tusis et qui cherche à asseoir ses frontières, les Lolos sont les plus redoutés adversaires des colons Han envoyés au Sichuan et au Yunnan. Ils tiennent les montagnes, établissant leurs villages dans des sites d'accès très difficile et abandonnent aux Fils de Han les vallées fertiles, leur cèdent dans des marchés boiteux leurs mines d'or, d'argent, de platine, regardent déboiser leurs montagnes pour y planter riz et pavot. Eleveurs et pasteurs, ils dédaignent les champs et les cultures, pour surveiller chèvres, moutons et surtout chevaux, la conquète dont ils sont très fiers. Théoriquement vassaux sur les terres de leurs ancêtres, ils sont chez eux dès que les garnisons sont hors de vue et ne se privent pas de razzier les villages de colons lorsque le bétail se fait rare ou la main d'oeuvre servile insuffisante (voir les textes de A.F. Legendre par exemple) Ils construisent alors leur image de brigands et de frondeurs qu'ils entretiennent volontiers par des luttes de clans entre Lolos.
Pendant la République, ils s'allieront souvent à Chiang-Kai-Shek et au Kuomintang installé à Chongqing, aux portes du Sichuan, qui
semblait vouloir mieux protéger leurs grandes propriétés et leur structure sociale de castes. Mais ils laissent passer à travers leurs territoires l'Armée Rouge
en 1935 (non sans batailler un peu) lors de sa Longue Marche et leur chef Yuedan le Jeune signe en leur nom à cette occasion des accords avec les communistes (et en particulier avec le général
Liu Bocheng, promis à un grand destin), accords qu'ils sauront valoriser en 1949 (accords signés avec l'aide de force rasades de Wuliangye).
Ils adhèrent plus ou moins bien à la République Populaire dans ses premières années, confortant officiellement leur établissement
sur leurs territoires, et tirant leur épingle du jeux des redistributions de terres. Mais les "Réformes Démocratiques" se durcissent et la collectivisation des terres,
le regroupement des habitations, l'imposition de la vie en collectivité, l'instauration de quotas de production s'abattent avec une attention particulière sur les
anciens notables, ceux qui ouvertement exploitaient de grandes propriétés et des cohortes de serfs. Retournement de hiérarchie dans les Montagnes Froides ! Mais la
République Populaire ne réussit pas vraiment à désolidariser cette société complexe. C'est l'ensemble du peuple Yi qui est conduit rapidement à une situation de pauvreté et de
famine exceptionnelles. Dès les années 1958 réapparaissent les révoltes, les coups de main, les maquis, entraînant expéditions punitives et procès pour l'exemple.
Brigandage avéré, proclamé, ... ? Faux vrais bandits ... ? Vrais faux miliciens ... ?
Les Lolos parfont alors la réputation féroce qu'ils gardent aujourd'hui dans la mémoire de tous les Hans et même si le virage de la Chine moderne est pris avec les réformes de 1979, les cicatrices restent profondes et Pékin reste bien loin. Les meilleures réformes (éducation, santé) s'arrêtent souvent dans les banlieues des petites villes de la vallée et ne montent pas vers les villages Yis au fin fond des montagnes (sur ce sujet, on lira avec passion le remarquable ouvrage de B. Vermander). Le dernier bouleversement sera la grande mutation de la Chine en 2010 qui drainera vers les villes toute les jeunes Yis comme main d'oeuvre dans le bâtiment ou les usines de confection. Mais c'est un peu plus difficile d'être embauché lorsqu'on porte sur sa carte d'identité la mention "Yi". C'est aussi difficile de faire appliquer partout la règle commune quand les fortes traditions ancestrales sont vivaces et que l'architecture de l'ancienne société parcourt encore les populations. Dans la préfecture autonome de Liangshan au Sichuan, une tension immanente est palpable à travers le quotidien des petites villes.
Une société des esprits et des démonsL'histoire des Yis se raconte aussi plus plaisamment à travers les légendes. Elles commencent à création de la lignée à partir de trois gouttes de sang de l'aigle dont la beauté frappa Elobu, donnant naissance à Zhyge Alu. Zhyge Alu, l'archer, grand héros du peuple Yi, éteignit 6 des 7 soleils et terrassa le Dieu du Tonnerre. Une autre légende les rattache au tigre que l'on retrouve partout (n'est-il pas aussi ancêtre des Tujias et sacré chez les Daïs ?). Enfin une dernière légende rattache les diverses sous-ethnies Yi aux six fils d'Apudamu, ancêtre commun à tous les Yis. Ces frères se sont dispersés dans tout le Sud de la Chine, formant les divers établissements yis connus aujourd'hui au Yunnan, au Sichuan et au Guizhou et, au passage, expliquant les diverses langues yis (voir le livre de A. Reffet). La structure sociale des Yis était très aristocratique du temps de leur splendeur. C'est une structure de castes, assez rare parmi les peuples chinois. Les Yis Noirs (Nuohuo = os noirs), au sommet étaient une faible minorité, mais les maîtres de la société. Ils disposaient de très larges pouvoirs, possèdaient la plupart des terres et les esclaves et se mariaient entre eux. Les Yis Blancs (Qunuo = Os Blancs) constituaient l'essentiel de la population des Yis libres. Ils devaient tribut aux Yis Noirs et leur étaient attachés. Les Ajias formaient la première couche des esclaves (les Ouatze), ceux qui travaillaient la terre sur la propriété de leur maître ; les Xiaxis formaient le second niveau, ceux qui étaient attachés à la maison du maître. Les Yis Noirs avaient théoriquement droit de vie et de mort sur tout ce petit monde, exceptés les Yis Blancs. Un code pénal précis fixait les règles de ces relations très disymétriques. Les mariages entre castes étaient prohibés, à l'exception des castes basses qui pouvaient y accéder sur l'initiative du seigneur. Le train des esclaves était régulièrement regarni par des razzias dans les villes voisines ou des guerres contre les clans alentour. Enfin, c'était ainsi jusqu'aux années 50 ...
La société Yi est profondément animiste ; ses croyances sont directement issues des religions primitives, centrées sur la nature, que l'on retrouve dans toute la Chine il y a plusieurs milliers d'années, mais elle a reçu une forte influence des bouddistes tibétains. Elle dispose d'un "clergé" de savants : les bimos capables de lire les textes anciens en écriture Nuosu, ils sont assistés des sunies qui ne lisent pas les textes sacrés mais qui, comme les bimos procèdent aux rites et administrent les sacrements. Les textes expliquent la relation complexe entre le vivant et le monde des morts, peuplé "d'esprits" plutôt favorables, et de "démons" qui vous pourrissent la vie ! Les démons proviennent généralement de personnes décédées qui n'ont pas réussi leur passage dans le monde des morts, c'est-à-dire qui n'ont pas procédé à temps aux rites et cérémonies qui y préparent. Chaque mort a deux ou trois âmes dont les vivants doivent prendre grand soin, sous peine de perdre leurs récoltes, de voir tomber malade le petit dernier ou de se brouiller avec son frère. Les rituels passent par le sacrifice d'un coq (pauvres coqs, ils paient beaucoup pour les âmes des défunts !) ou d'un porcelet, des incantations et des processions. Le rituel le plus important accompagne les obsèques qui réclament des moyens importants et peuvent donc être reportées bien après la mort et la crémation de rigueur. Les bimos font concurrence au médecin pour les soins ordinaires de santé mais bien-sûr eux-seuls sont efficaces contre les démons. Aujourd'hui encore (2016), une cérémonie de funérailles s'accompagne du sacrifice d'un boeuf, un ou deux cochons, plusieurs chèvres et un nombre important de poulets. Les esprits et les voisins profitent conjointement de cette hécatombe. Les bimos se reconnaissent de loin à leur chapeau à très large bord. Ils officient aujourd'hui encore, et dans les villes on peu prendre rendez-vous par internet. (Sur la place du bimo dans la société yi en 2000, l'ouvrage de B. Vermander est sans pareil). Le calendrier yi est complexe et assez obscure. Il est composé de 10 mois de 36 jours (avec intercalation), durée fixée, non par les phases de la lune, mais par le passage de la lune dans certaines constellations. Sa correspondance avec le calendrier chinois est erratique et rend les occurences des fêtes assez imprévisibles (avis aux touristes). La société Yi se regroupe à l'occasion de la Fête des Torches qui voit de grands feux allumés dans tous les villages (au point que la Chine moderne en contrôle aujourd'hui fortement les débordements pour épargner ses villages encore souvent en bois, et ses forêts rarement très vaillantes). C'est l'occasion de grands rassemblements familiaux, de défilés costumés, de courses de chevaux, de combats de lutteurs et d'animaux : taureaux, bêliers, coqs.
Les costumesLes hommes Yis se distinguent par leur tenue sombre, renforcée par le port d'une longue cape de feutre ou de peau de mouton ou de chèvre qui leur sert de couverture. Un bonnet avec une curieuse houpette dressée sur le dessus complétait cette tenue mais ne se voit plus guère que lors des fêtes. Les femmes portent aussi la cape de feutre aux heures froides ; elles arborent diverses coiffes : turbans simples surmontés d'un cerceau de couleur vive, bonnets cylindriques noirs pincés au sommet et retombant en une nappe sur le dos, coiffe carrée façon cornette tronquée, rectangle épais, frangé, maintenu horizontalement par un cercle de velours. Au nord de Lijiang ces coiffes carrées sont particulièrement larges. Elles sont noires également, mais doublées de vert, maintenues par une armature de bambou, protégeant les femmes du soleil et du vent. Une élégance exceptionnelle qui rappelle les brigantines bretonnes. Leurs jupes longues sont souvent construites de bandes de couleurs vives alternées. Le code de couleur de ces bandes reflète la situation de la femme. Si elle est jeune, elles seront de couleur très vive ; jaune ou orange, une jeune mariée sera plutôt rouge ou vertes tandis que les aïeules se partageront les teintes rabattues : bordeaux, violet ou bleu. Leur veste est fermée au col par une broche rectangulaire, en forme de grille. Pour les fêtes, les hommes portent une veste droite à col montant, parées de brandebourgs et ornées de gros boutons en demi-sphère en simili argent chenillé. Veste et pantalon, d'un même ton, sont noirs ou bleu ; aujourd'hui, dans leur version manufacturée, ils arborrent des couleurs plus vives, les boutons sont gros comme des oranges, les brandebourgs sont plus clinquants. La pipe courte est beaucoup fumée, par les hommes comme par les femmes, de préférence au long et large cylindre de métal des pipes à eau que l'on voit dans d'autres ethnies. Elle est souvent constituée d'un petit tuyau de métal jaune gravé de marques géométriques.
La maisonDans le Nord, leurs maisons sont basses et longues, de pierre et de bois souvent, sans grande recherche, les toits de tuiles rondes se relèvent en leur extrémité. Le panneau aveugle des façades est orné d'un dessin simple, le même pour tout le village : un soleil à tête de tigre, quatre tulipes, un mouton, ... Ces maisons se distinguent par des supports de toiture en bois ouvragé et peint, rappelant l'encornement d'un buffle. Des fresques courrent également souvent, soit à hauteur d'homme, soit sous les combles. Elles adoptent généralement des motifs de nuages (ou de vagues) et les couleurs de l'ethnie yi : noir, rouge et jaune. Dans les mois d'automne, les auvents sont garnis de maïs qui sèche et des piles de potirons ou les navets longs s'entassent devant les porches. Les champignons les plus variés sont mis à sécher sur des bâches, à même la route parfois. Beaucoup de petits chevaux, arnachés de cuir et de cordes, attendent devant les portes, à côté des motos. Plus au Sud (dans la région de Lunan), dans une région où les Yis s'appellent Sanis et où les femmes portent invariablement une petite coiffe cylindrique dotée de deux oreilles de chat, couchées ou dressées, les maisons sont beaucoup plus cossues, de grosses pierres sèches, défendues d'épais murs qui enclosent la cour centrale. Les fours à sécher le tabac, grandes tours indépendantes de la ferme, se tiennent au chevet de chaque maison. Au Sichuan, dans les Montagnes Froides (Daliangshan), de curieuses huttes s'élèvent devant les portes où sèchent des fougères ou des pieds de maïs.
La cuisineOn est frappé, dans les Montagnes Froides, par l'omniprésence du barbecue dans les estaminets ou le long des bords de route. C'est une simple grille circulaire hébergée sur un foyer, où sont placés aussi bien la viande que les légumes. La viande de porc, ou de porcelet les jours de fête, de boeuf, de volaille est préalablement marinée dans un mélange d'huile, de piment et de poivre (n'est-on pas au Sichuan ?). Les légumes sont surtout de grosses pommes de terre, mais aussi des patates douces ou des tarots, posés sans préparation, à même la grille, puis brossés au cours de la cuisson pour en retirer la peau.
Les Lolos au VietnamOn les appelle toujours Lolos au Vietnam. Mais ici il n'est pas fait beaucoup référence à leur société aristocratique et batailleuse. On lit ainsi, dans l'ouvrage " Les Ethnies minoritaires du Vietnam", (Dang Nghiêm Van, Chu Thai Son, Luu Hûng), la phrase pudique " L'économie de prédation joue encore un certain rôle." et plus loin : "La société a subi une différenciation profonde entre exploiteurs et exploités, sur lesquels pèse en plus l'oppression due à la politique de discrimination ethnique des colonialistes.". Aussi, on voit un peu partout la référence "Lolo Blanc" ou "Lolo Noir", voire "Lolo Bariolé" expliquée par des éléments de leur vêtements comme il est courant de le dire pour les Hmongs ou les Yaos qui partagent les mêmes montagnes au nord-est de la Rivière Claire. Ce sont pourtant bien les mêmes peuples qui sont venus de Chine lors de deux grands mouvements, au XVe et au XVIIIe siècles (Dang Nghiem Van, Chu Thai Son et Luu Hung).
La maison et le village
Le petit village de Kuoi Khon est perché dans la montagne, quelque part entre Ha Giang et Meo Vac, au milieu de forêts également peuplées de Hmongs. Il est constitué d'une grosse poignée de maisons que l'on découvre peu à peu car chacune se cache dans un creux de montagne sous de grands arbres. Maisons de bois bien sûr, sur pilotis, porcs et instruments agricoles en bas ; les vaches sont souvent un peu plus loin dans un enclos couvert. Les toits sont de tuiles noires et des palissades de bambou courent autour des enclos. Une seule grande pièce à l'étage, un rare mobilier construisant ici un vague salon avec deux fauteuils et une table basse, là un autel des ancêtres avec une commode chargée d'objets hétéroclites, peinte de rouge et de caractères chinois. Le "coin-cuisine" a la place d'honneur : le plancher est retiré sur un mètre carré pour dégager un âtre de pierre. Il recevra une grosse marmite pour la soupe de maïs et de riz où l'on rajoutera quelques robustes morceaux de poulets, des feuilles de choux ou du coeur de bambou. Il recevra aussi une poêle où frira le gras de porc et reviendront des arachides. Parfois une chambre cloisonnée de planches vient empiéter sur l'espace commun, sans fenêtre, éclairée par des fils courant sur les poutres et une ampoule blême pendue à un clou. La salle commune est bordée d'un large balcon et se prolonge parfois par une terrasse. C'est là que se passe la vie quotidienne : la préparation de la cuisine, la réparation des vêtements, le travail scolaire des enfants, l'affûtage des outils. L'eau coule d'un bambou entre les maisons. Plus bas, là où se réunissent quelques sentiers, se trouve ce qu'il faut bien appeler le centre du village, marqué par un gros conduit de bambou également, porté par des piquets, qui délivre un flot abondant. Il est judicieusement échancré de fentes en biseau qui laissent s'écouler autant de douches. C'est là que défile le village pour les ablutions, les vaisselles ou l'entretien de l'indispensable moto. On vient y conduire le bétail et y remplir des récipients. C'est aussi à l'évidence un lieu d'information et de convivialité.
Habits
Les femmes Lolos de Khuoi Khon portent une tenue bien distincte des autres minorités du Nord Vietnam. Elle est principalement noire, toque, veste et pantalon, mais réhaussée de broderies. La coiffe la plus habillée est formée d'un bandeau, ramené de l'avant vers l'arrière dont l'extrémité libre flotte sur les épaules, noire, mais bordée d'un liseret blanc. C'est la coiffe des fêtes. Au quotidien, ou est-ce seulement les jeunes ?, elle est souvent remplacée par un foulard de couleurs vives, en tissu écossais. La veste est droite, courte, col droit, boutonnage central brodé de couleurs vives comme l'encolure. Le dos porte une broderie rapportée de motifs géométriques, très codifiés, tant en formes qu'en couleurs. Jusqu'au coude, les manches sont ornées d'anneaux de broderie, puis l'avant-bras est entièrement couvert d'anneaux de tissu coloré et brodé. Une ceinture large, de tissu rouge ou jaune, barre le ventre. Le pantalon noir est long et large, sans broderie. La tenue des hommes est très simple : une courte veste noire, sans col, avec un simple boutonnage au centre.
Les musées Yisau SichuanLe musée Yi le plus célèbre du Sichuan est le musée de la société esclavagiste des Yis de la préfecture de Liangshan à Xichang, curieux mélange de genres d'où le visiteur (peu féru de chinois) ressortira perplexe, ... (on lira aussi avec intérêt, sur le même ton, la page en référence.) Il est placé sous la protection de Zhyge Alu et présente quelques très belles pièces qui reflètent le haut niveau de développement de l'aristocratie Yi : des armures, des pièces de mobilier, de beaux bijoux d'argent. Plus intime est le musée de l'Université des Minorités de Chengdu qui offre peu de vêtements mais des bijoux, des objets de culte et d'artisanat. Le musée provincial du Sichuan, à Chengdu aussi, présente pour sa part une vaste comparaison des costumes des principales minorités de la province : Tibétains, Tujias, Miaos, Mosuos. Les Yis occupent bien sûr une bonne place. au YunnanLe très beau musée des minorités de Kunming au Yunnan, près du parc d'ethnologie (où un "village" est dédié aux Yis), propose une splendide collection de vêtements Yis ainsi que des coiffes de tissu d'une grande beauté. Très différent est le petit musée Yi du village de Nuohei près de Lunan au Yunnan : une vaste salle comme une grange, avec des outillages paysans et des tenues très populaires, des photos de cérémonies pastorales, des photos de groupes, aux portes des maisons. au Guizhou et au HubeiQuoique beaucoup moins présents dans le Guizhou, quelques musées de cette province présentent quelques belles pièces : le musée des Minorités de Guiyang, le musée de Kaili, ou le petit musée Feyiunya à Huangping. On trouve également des habits Yis au musée de l'Université des Minorités de Wuhan (Hubei). au VietnamCurieusement, je n'ai pas vu au beau musée d'ethnographie de Hanoï, riche de nombreux témoignages de la grande diversité des Minorités dans ce pays, les tenues Lolo qui y sont exposées. ... Ou peut-être les ai-je ratées. au VietnamOn trouvera ces musées sur la page ci-jointe. |
Les visites guidées
Les Yis des Montagnes Froides (Sichuan) Les Sanis, Yis de Shilin (la forêt de pierre) (Yunnan) Les Yis des MainmanShan (Yunnan) Les LoLos de Khoi Khon au Vietnam Villages et fermes Yis du Sichuan et du Yunnan
Les Objets Yis à travers les musées de Chengdu, Xichang et Kunming
Le musée paysan Sani de Nuohei,
Habits, tissus et vêtements Yis
Fête des Torches à Zhaojue - 1
Fête des Torches à Zhaojue - 2
Fête des Torches à Puge Extrait de " Kientchang et Lolotie ", Récit de voyage par le Dr A.-F. Legendre au Sichuan en 1910 -
Editions Kailash (Paris) (réédition) - 1993
P. 343 : Caractéristiques Physiques et Morales (des Lolos ou Yis du du Nord-Ouest du Sichuan)
Le Lolo a l'audace de sa vigueur physique, de sa superbe vitalité. Toujours en mouvement, toujours sur le qui-vive, prêt à parer
à toute surprise, rien ne trouble son âme de guerrier sans peur. Ce qu'il aime surtout quand il s'attaque aux Chinois honnis et détestés c'est la
chevauchée insolente, l'attaque brutale et foudroyante qui fait ouvrir toutes les portes, se rendre à merci sans l'ombre d'une défense
Dans ses luttes avec ses congénères, des guerriers de sa trempe, il montre une prudence non moins grande que son courage. Il déploie toute l'audace,
toutes les ruses du Peau-Rouge, auquel il ressemble par tant de côtés. Il dissimule habilement sa marche silencieuse et tombe la nuit avec la
soudaineté de la foudre sur le clan ennemi. C'est dans la vendetta surtout qu'il agit ainsi. Car, de tribu à tribu, on tranche souvent ses querelles
en bataille rangée, au grand jour, en un lieu désigné à l'avance.
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