Coups d'oeil sur le Zhejiang : Hangzhou et WuzhenHenri Maître - novembre 2014 - mars 2018
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Le supplément culturel Fête sur le lac : Impression du Lac de l'Ouest (Zang Yimou, Wang Chaoge et Fan Yue) ![]() Le Zhejiang, province de l'Est de la Chine Un canal à Shaoxing |
Shanghai n'est pas dans une région, mais la région qui la borde au Sud est le Zhejiang, province riche et cultivée qui offre naturellement ses plus belles villes aux vacances des Shanghaïais. HangzhouC'est tout d'abord Hangzhou, la capitale du Zhejiang, forte de 4 millions d'habitants, fière d'un beau lac au centre ville (appelé Lac de l'Ouest), objet d'une exceptionnelle activité en cet après midi de dimanche. Hangzhou est aussi très fière d'avoir été capitale de l'empire pendant la dynastie Song (période des Songs du Sud de 1127 à 1279). Elle a tiré de cette époque lointaine une belle collection de monuments, deux pagodes et un un temple monumental ainsi que d'intéressants musées. Malheureusement le temple Lingyin, reconstruit au cours des siècles, est bien décevant. S'il mérite la visite, c'est pour héberger dans son parc une belle galerie de statues religieuses, taillées en niche au flanc de la montagne, datant des dynasties Yuan (1206-1308) et Song du Sud (1127-1279). Cette belle collection n'est pas sans rappeler, en plus modestes, les Bouddhas de Longmen. La grande pagode Liuhe (six harmonies), a été construite sous les Songs du Nord, en 970, pour surveiller la montée des marées dans la rivière Qiangtang ; haute de 13 niveaux, bâtie sur un plan octogonal, en briques à l'extérieur, en bois à l'intérieur, elle a été en partie refaite sous la Dynastie Qing. La pagode Leifeng, de proportions plus modestes a été construite dans la même période, un peu plus au Nord, au bord du Lac de l'Ouest, sur un même plan octogonal, en tuile et bois également. Elle s'est totalement effondrée en 1924, et n'a été reconstruite que depuis quelques années, dotée d'escalators et d'ascenseurs, ce qui ne manque pas de cocasserie. Mais la vue en est très belle sur le Lac de l'Ouest. Le Musée National de la Soie, qui héberge aussi le musée de la Mode est situé à quelque distance. Il fait concurrence au musée de Suzhou pour retracer l'histoire de ce textile et de son travail, car Hangzou dispute avec cette ville le titre de berceau de la soie. Il est riche de spécimens anciens (des dynasties Han, Jin ou Tang) ainsi que de très belles pièces des Qing ; mais il possède aussi une collection de mode contemporaine chinoise, ainsi qu'un brêve histoire en modèles de la mode occidentale. Au titre d'exposition temporaire, il présentait lors de notre passage une très belle collection de vêtements des Miaos du Guizhou, d'une remarquable variété. Le Musée de la Province du Zhejiang est éclaté en deux sites. Le plus ancien, un peu vieillot, est hors la ville, il renferme les collections de poteries, de céramiques, de laques et de bronzes. En exposition temporaire, il offrait à voir de merveilleuses pièces d'art religieux tibétain prêtées par le musée de Lhassa. Le nouveau musée, dans les bâtiments modernes au coeur de la ville, est plus hétéroclite. On y trouve des pièces de mobilier ainsi que de l'artisanat du Zhejiang : jonc tressé, papier découpé, bois sculpté. La ville est tout entière baignée d'une réputation de culture, de douceur de vivre et de poésie. A ce titre elle s'oppose fièrement à Shanghaï et lui capte des flots de visiteurs sitôt la belle saison venue. Le tour du lac est aménagé en vaste promenoir. Promeneurs turbulents et sportifs du côté Ouest où se tient la forêt. Promeneurs, chanteurs (de lyrique chinois surtout, avec force instruments anciens, mais de pop aussi, dopée à la sono comme il se doit), joueurs de cartes et de dominos, du côté Est près de la ville. Mais la ville a aussi la réputation de se visiter avec un parapluie tant les averses y sont fréquentes. Nous en ferons l'expérience à nos deux visites. Impression du Lac de l'OuestLe soir spectacle sur l'eau (dans l'eau plutôt faudrait-il dire car Zang Yimou a beaucoup exploité les jeux d'éclaboussures et de projections). Le décor est superbe, la technique remarquable (grands cadres mobiles actionnés par des grues, nuées infernales issues de nulle part, projecteurs rasants, oiseaux de lumière traversant le lac, ...) ; les effets de foule sont particulièrement heureux : des danseurs avec un simple parapluie lumineux ou de grandes robes gonflées comme des voiles ou, au contraire, des acteurs vêtus de noir et disparaissant de la scène, mais frappant en cadence la surface du lac d'un long bambou ; les éclairages souvent très heureux, mais, la musique me semble mièvre et convenue. Elle souligne à gros traits la naïveté du scénario. On regrette les trouvailles chorégraphiques et la variété folklorique du spectacle de Yangshuo, lui aussi nocturne et lui aussi sur l'eau ou la force, et la dynamique de celui de Lijiang. Retour à pied, en nocturne tout au long du lac fastueusement illuminé pour bien apprécier tout le charme de ses jardins. La foule est encore presqu'aussi dense qu'aux belles heures du jour. WuzhenC'est également Wuzhen ("le Grand village de Wu"), à moins de deux heures de route, petite ville protégée par l'Unesco pour la beauté de son site (sur des canaux, comme Souzhou, sa voisine un peu plus au nord, plus bourgeoise) et ses maisons qui les bordent. Tout est charmant ici, sans l'élégance cultivée des jardins de Souzhou, mais avec toute la diversité de la vie quotidienne : restaurants, ferronniers, menuisiers. La ville est éclatée en deux parties fort séparées, et entre les deux une ville moderne où nous nous réfugions le temps que les édiles lèvent l'interdiction de circuler qu'avait entraîné la tenue d'une conférence ! Lorsqu'au petit matin, l'autorisation nous est donnée de parcourir les pontons de bois, le brouillard s'attarde sur les canaux, ajoutant de la langueur aux eaux paisibles. Murs de bois noir, bien sûr, et de brique chaulée, balcons sculptés, volets de bois levés comme des toiles de tentes, eaux brunes et lisses, fleurs encore en cet automne avancé, aux fenêtres, et sur les berges des saules partout. Des villageois vaquent, qui cuisant ses pains vapeur, qui écaillant un poisson sur un ponton ... C'est l'heure des lessives et des briquages de ponts à grandes eaux ; là encore de longues tresses noires tordues au dessus de la rivière pour une toilette publique ShaoxingDe retour vers Shanghaï, petit arrêt à Shaoxing, petite cité au bord de la baie de Hangzhou. La ville est très fière du souvenir de Lu Xun, éminent littérateur de la fin de l'Empire et de la République Chinoise, célèbre pour ses poèmes appréciés de Mao, philosophe aussi et pédagogue confirmé. Il a abondamment participé au débat des écrivains engagés au début de la République. Il a tenu une petite école à Shaoxing (dix ou douze élèves tout au plus) que l'on visite encore, puis a contribué, au sein du Ministère de l'Enseignement, à la mise en place d'une éducation publique démocratique. Malgré de gros efforts pour attirer le touriste, Shaoxing n'a guère d'arguments pour les retenir : un petit canal court entre quelques maisons basses anciennes de belle allure, quelques appartements que l'on visite, beaucoup de boutiques et de restaurants. Pas de quoi faire de l'ombre à Wuzhen, Tongli ou Zhujiajiao.
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La visite en images
Promenades à Hangzhou
La petite ville de Wuzhen
Musée Provincial du Zhejiang à Hangzhou ( collections permanentes - pour l'exposition temporaire sur le Tibet, c'est ici )
Musée National de la soie de Hangzhou ( collections permanentes - pour l'exposition temporaire sur les Miaos, c'est ici )
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Retour à la page des voyages Fait le 15/12/2014 |