Athènes et le golfe de Corinthe
... ou un petit morceau de Grèce en hiver
Décembre 2018 - Henri Maître
Une visite touristique Noël sur la place Sindagma
Dans les rues d'Athènes le Street Art
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Athènes et ses muséesLe mont Olympe, triangle blanc suspendu dans un océan bleu, tel un petit Fujiyama. Le ciel bleu, piqueté des taches du hublot, qui se noie dans les montagnes bleues, ou dans la mer peut-être, que l'on verra se glisser entre les îles. A nos pieds, Athènes, blanche et ocre, escalade les collines. Elefthérios Kyriàkou Venizélos étend au soleil ses pistes bien calmes. Puis le métro propose sa première énigme : le train, sur ce quai, n'ira pas à Athènes, tous les panneaux l'attestent. Enigme : Pourquoi donc tant de Grecs, confiants, et quelques touristes, nerveux, se pressent-ils pour une destination provinciale et peu connue ? Le rusé Ulysse l'aura compris, qu'il ne faut croire ses yeux, ni surtout son oreille où chantent les sirènes, mais s'attacher au siège et, guidé par Athéna, se laisser conduire, traverser les oliviers, bleus aussi, et les petites gares posées dans les champs. Le but est au bout. Le jour sournoisement s'esquive, profitant ici d'un tunnel, là d'un arrêt prolongé. La nuit s'installe distraitement, l'air de rien, chassant les ombres sur les collines. Nous abandonnons la Bleue à Syntagma pour la Rouge jusqu'à Metaxourghio (comment feront-ils les Athéniens lorsqu'il faudra distinguer la Carmin de la Vermillon ?). La rue Alexandre Le Grand s'étire un peu plus loin dans un quartier de maisons basses, pas très soignées, parfois même franchement détruites, comme un quartier de Beyrouth qu'auraient oublié les combats. Quartier sympathique au demeurant. L'attestent des chaises sous des treilles dans les rues adjacentes, des bougainvillers encore en fleurs, des jouets d'enfants sur le trottoir, de curieuses façades à sculptures, ferronneries et balcons, témoins oubliés de temps d'aisance. Les chats y règnent en maîtres, s'échappant entre les planches des clôtures ou s'aventurant par des lucarnes brisées dans des trous d'encre. Les murs sont gaiement barbouillés. Inspiration spontanée qui ne révèle ni grand talent ni puissant message, mais une effervescence joyeuse. L'hôtel, à la limite de Kerameikos, est un petit bijou de confort, de calme et d'hospitalité. Décembre n'est pas le mois rêvé pour déambuler de nuit sur Stadiou ou sur Venizelos, mais la foule se presse néanmoins. A Sindagma, un gigantesque sapin de lumière a poussé. Autour, des bateleurs proposent les dernières chinoiseries : des ballons lumineux, des mini-drones, des insectes qui bondissent et vous accompagnent dans un crépitement d'aile. Vous pouvez aussi cette année faire votre portrait en ange, mais il vous faudra patienter dans la file. S'abriter du froid dans la Cathédrale, c'est s'exposer à ses marbres glacés, ses icônes d'argent, ses voûtes qui se perdent dans le noir. Poussons plus loin vers les petites églises byzantines qui s'enterrent dans la chaussée. Mais, comme dans une chanson de Brassens, Saint Eleuthère et la minuscule église Kapnikaréa nous ferment leurs portes. C'est finalement la petite église du Saint Apôtre Philippe, au pied du Parthénon, qui est la plus clémente, la plus douce et la plus intime, avec ses ors et ses cuivres, ses plafonds couverts d'Enfants-rois, de Nativités souriantes, d'Apôtres sévères (mais bons bien sûr), et, tout le long des murs, ses cadres alignés et leurs saints comme des santons. La pluie est au rendez-vous, le lendemain, complice des musées, évidemment ! Les voitures s'empilent docilement aux carrefours, puis les visiteurs devant les kouroï. Quelques ados atones s'étirent derrière un professeur enflammé. Ils se penchent perplexes sur une œnochoé sassanide d'inspiration hephtalite puis, convaincus, s'égaillent derrière leurs téléphones, probablement pour partager avec leur tante cette découverte : felix qui potuit rerum cognoscere causas !. Nous les retrouverons demain sur les pentes de l'Acropole, gambadant comme des chevreaux. La foule est, là, moins austère, quasiment primesautière. Le selfie est de rigueur parmi les colonnes et les restes de frontispices. Les petits fanions claquent au vent devant les troupes serrées, la louve alpha est souvent jeune et accorte, surtout si elle guide une troupe de barbares. Le ciel s'est accordé à cette ambiance légère, il s'est fait bleu, frais, lui aussi guilleret. Pourtant, plus bas, les avenues de la ville révèlent une brume sournoise ou les dômes nombreux perdent vite leurs dorures. Mais il y a encore tant de musées, tant chantiers à voir, ne nous attardons pas dans ces contemplations maussades. Redégringolons les pentes. Laissons nous happer par l'immense hall du Musée de l'Acropole. Regrettons qu'une garde vigilante interdise d'en fixer les merveilles. Il vous faudra vous rendre à Athènes pour apprécier les subtiles nuances des pierres polychromes, les plus belles qu'il soit donné de voir ! Delphes et le golfe de CorintheIl n'y a guère de monde sur la route du Nord lorsque nous quittons Athènes ce samedi matin. Appuyons à l'Ouest avec en ligne de mire les sommets neigeux du Mont Parnasse. Premier arrêt : le petit monastère d'Osios Loukas, perché dans la montagne où il cache les pierres moyennageuses de l'église des Métamorphoses. Deux églises en fait, côte à côte, presque gigognes, rivalisant de voûtes superbes, de mosaïques d'or qui dévorent chaque pouce libre, qui escaladent les murs, s'enfoncent dans les niches, s'enroulent dans les encoignures et s'étalent dans les coupoles. Une vraie splendeur ... Plus loin, la route escalade la montagne. La petite ville d'Arachova ressemble à nos stations de ski avec ses foules en anoraks devant les restaurants et ses processions de voitures qui tournent en rond. Où iront-ils ? Y a t'il vraiment assez de neige ? A deux pas, c'est Delphes que les visiteurs ignorent superbement et que nous traversons entre chien et loup. Nous passons la nuit au pied de la montagne, à Galaxidi, au bord de l'eau. Le long du port, les restaurants s'alignent, mais dans le vent froid, les touristes sont très, très rares et la recette s'annonce pauvre pour les tauliers qui se résignent difficilement. Manger seuls au restaurant, nous aurons souvent l'occasion de le faire ces jours. Choyés comme le fils prodigue, mais tout de même un peu décontenancés de cette ambiance. Le matin apporte un ciel bleu et un soleil radieux. Il laisse une couverture blanche supplémentaire sur les sommets. C'est vrai qu'il a fait froid. C'est un cadre luxueux pour visiter le théâtre et le temple d'Apollon. Puis le musée et ses brillantes reconstitutions. Et puisque la route est à nous seuls, faisons un tour sur les rives de ce golfe de Corinthe d'où les estivants se sont enfuis. Un coup d'oeil tout d'abord au petit musée ethnologique de Chrisso qui se trouve être ouvert pour quelque retouche de peinture nécessaire mais qui n'imaginait jamais qu'il puisse recevoir encore des visiteurs si tard. Pour nous, on allume les lumières et on ôte quelques housses. Magnifiques collections de vêtements paysans des 19e et 20e siècles, beaux bijoux, lourds et surchargés de broderies d'argent. Une belle découverte imprévue. Laissons les petites villes de montagne qui ronronnent comme de gros chats au soleil et piquons vers la mer. Traversons des plantations d'oliviers aux troncs noueux, gros comme des barriques. Petits villages attroupés le long de leurs plages dont la mer ronge résolument les contreforts, promenades qui s'effondrent dans le sable, n'attirant qu'une vague barrière pour écarter les autos, paillottes secouées par le vent et léchées par l'eau, qui n'abritent plus personnes, petites boutiques aux rideaux baissés, églises blanches aux contrevents bleus et aux portes closes. Il y a beaucoup de nostalgie dans cette éternité suspendue. |
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Musée archéologique Trente siècles d'art grec sculpture - vases - bijoux |
Musée Benaki l'influence grecque sur l'art occidental |
Musée des Arts Byzanthins et Chrétiens
art religieux et icônes d'hier et d'aujourd'hui |
Musée de l'Acropole et ses vases |
Musée de Delphes |
Musée Benaki d'art Musulman |
Musée ethnologique de Chrisso |
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Henri Maître, 20 janvier 2019