Berlin, avril 2018Musées, murs ou mur, ..., balades au bord de la Sprée - Henri Maître
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Un petit bonus
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Berlin, ... on attend des phrases définitives, bien sûr. Il faudra se résoudre à un texte chiche car le temps nous fut compté, les cieux
furent incléments, les musées trop riches et le plumitif médiocre. Las ! il faut s'en contenter.
Ce sera donc un avis superficiel et partial, fortement biaisé ... je recommande donc plutôt les visites par
l'image qui laissent au lieu la tête d'affiche et évitent qu'un interprète grincheux ou distrait ou pressé n'escamote trop l'essence sous une couche de perçu ...
Berlin, c'est vaste. Pour le parisien, c'est bien trop vaste, avec des centres souvent petits et trop éloignés,
des artères trop longues, des métros interminables, poursuivis par des trams que doublent des autobus. Les parcs sont partout, et leurs pelouses s'étalent
derrière les églises, le long des palais, ou même comme ça, pour rien, juste pour mettre un peu de vert sur le bitume. Les avenues sont doublées de contre-allées
et les trottoirs sont larges pour que se croisent vélos et piétons. Berlin est trop vaste pour sa population et l'on pense souvent que c'est vide. Si l'on se croise, on ne
se côtoie pas, on ne se bouscule pas. Paris tient de la foire bourguignonne et du marché normand. Paris rappelle Rome ou Byzance ou tout village du Vaucluse par sa façon méditerranéenne d'avoir
le petit peuple au centre de la cité. Mais Berlin a hérité des allées rectilignes des propriétés et des domaines du Mecklembourg, de la Poméranie et de la Saxe, peut-être même de la Baltique
et de la Sibérie, de ces espaces lointains que l'on parcourt à cheval. Berlin se bat avec ses priorités : la voiture est partout et il lui est réservé le temps long aux feux,
la priorité aux passages, priorité que n'empiètent que ces privilégiés, les trams ... mais cependant le piéton est roi, partout où il est reconnu et à la condition qu'il cède le
passage aux vélos ... oui c'est une situation complexe : pierre, papier, ciseau ! mais chacun y trouve son compte et se sait au dessus de la pile.
On l'a beaucoup dit, Berlin est un vaste chantier. Paris aussi, mais Paris répare tandis que Berlin construit.
Le béton y pousse bien, et le verre et l'acier. Chaque oeuvre nouvelle est une affirmation : "Il est bon de montrer / Que tout va bien, que poussent les
enfants / Et le houblon et le blé dans le pré". Les formes sont audacieuses, élégantes, avec cette classe assumée que l'on retrouve l'été à Bayreuth dans les complets
trois pièces et les étoles de soie. Et pourtant,
Berlin n'est pas snob. Il y juste deux mondes côte à côte qui se font contrepoids de façon que l'équilibre se retrouve. Les limousines ou les coupés puissants, ont droit
au milieu des chaussées, les vélos avec porte-bébés et charrette pour le chien ont droit à des allées privées, sous les tilleuls. Les avenues et les jardins, ...
Quelques mots des musées. Il n'y a que l'embarras du choix à Berlin, depuis les plus solennels aux plus informels. Le musée de Pergame
mérite à lui seul le voyage à genoux, en portant sur le dos sa besace de cailloux ... mais le musée de Pergame se cache cette année au fond d'une cour, ... il est frappé par le virus des travaux,
Qu'attend t'on qui serait encore mieux des nouveaux locaux ? Il faudra voir ça sûrement mais en attendant ... Thèbes est en congé et bien d'autres pièces sûrement aussi, mais il en reste tant et de
tellement remarquables que l'on supportera cette amputation avec indulgence.
Bien sûr, dans la foulée et sur la même place, le Neues Museum poursuivra notre ravissement par ses magnifiques collections égyptiennes. On pourra ne pas
sacrifier à la dévotion de Nefertiti, inaccessible derrière sa barrière humaine, puisque tant de concurrentes rivalisent pour nous ravir de leurs énigmatiques sourires. On s'attardera longuement
entre les murs de pierre
des superbes fresques, bandes dessinées de la vie quotidienne au bord du Nil.
Si l'on ne sent pas trop la fatigue s'installer, le Musée de l'Art Islamique, dans le musée de Pergame, nous offrira ses plats d'argent,
ses bijoux, ses tapis, ses coffrets d'ivoire ouvragés, ses olifants magnifiques.
Restons dans l'Ile des Musées, le dédale du musée de Bode récèle des merveilles dans un dédale de salles à la topographie
bien mystérieuse. C'est l'Italie surtout qui est en vedette, du trecento au cinquecento des pièces exceptionnelles de finesse et de clarté, des Vierges à faire damner tous les moinillons,
des Christs, torturés et poignants, des Saint-Georges cuirassés de rouge et d'or ... mais tout doucement la Bourgogne, les
Flandres, et le reste de l'Europe prennent la relève. Voyez ces ivoires jaunis, patinés, ouvrés à la pince à épiler où des diablotins rôtissent en enfer.
Voyez ces rétables en ronde-bosse et leurs processions villageoises, leurs tablées de notables, ... Ne ratez pas le Bode et gardez lui du temps, même si vous ne vous attardez pas dans les combles ...
Il faut plus de conviction pour l'Alte Gallerie et ses collections de peintures allemandes de la période classique à la fin du 19e. Il faut une grande curiosité
pour arpenter les galleries de portraits, de défilés princiers, de batailles ... Mais on sera récompensé si l'on insiste un peu ... dans les étages, Kolbe, von König, von Stuck, Hodler, Feuerbach, Beckmann bien
sûr, réservent quelques belles surprises. Et si l'on aime la statuaire idéale, que de belles demoiselles taillées dans des marbres par des ciseaux trempés dans l'Acheloos par des libertins de salon ...
Changeons de siècle et de quartier. Poussons jusqu'à la Gare Centrale et d'une petite promenade rejoignons la Gare de Hambourg. Il ne faut alors pas se perdre
dans ce curieux bâtiment pour découvrir les salles d'art contemporain. Peu de pièces, mais judicieusement choisies. Les collections permanentes, rassurent le spectateur. Que des grands noms : Ernst, Moore, Arp,
Warhol, Munch, Haring, ... plus d'intrépidité dans les collections invitées largement ouvertes au monde. Une belle place faite à la statuaire abstraite.
Transportons nous vers Charlottenbourg pour les autres musées
Des risques il en encore moins pris au musée Berggruen qui traite de la première moitié du XXe siècle. Toute l'exceptionnelle collection se fait sur les deux noms
de Picasso et de Klee qui couvrent la plupart des murs de joyaux remarquables, empruntés à toutes leurs époques. Pour accompagner pourtant, de quoi déplacer s'il le fallait des foules : Cézanne, Matisse, Chagall,
Giacometti ... un vrai bonheur à consommer sans modération ...
A quelques pas de là, la Collection Scharf-Gerstenberg adopte des choix plus osés. Elle s'est spécialisée dans ce virage serré qui a fait basculer le monde
tant littérateur que barbouilleur, du romantisme au surréalisme. Les grands anciens (Piranèse, Victor Hugo) sont convoqués pour accompagner ce petit monde à cheval entre France et Allemagne, qui a nom Méryon, Klinger,
Redon, Ernst, Bellmer, Grosz, Picabia ... De bien bon moments à lire autant qu'à voir ...
On poursuivra avec bonheur jusqu'au musée Bröhan et son mobilier Modernstyle.
Un autre musée qui n'est pas illustré ici est le musée de la DDR, au bord de la Sprée. C'est une sorte de bric à brac d'écran, de tiroirs, de panneaux, de
vitrines où sont déclinés tous les aspects, de le vie quotidienne à la vie officielle, dans le Berlin de la séparation. Les septuagénaires (assumés) et les nostalgiques perdront une larme en retrouvant ces objets
aussi intemporels qu'universels d'avant le Progrès ... (ne me demandez pas de plus commenter ce sujet, je serais confus et obscur !)
Le musée Berggruen
La collection Scharf-Gerstenberg
La Hamburger Bahnhof
Le musée Bode
L'Alte Nationalgalerie
Le musée Bröhan
Le musée de Pergame
Le Neues Museum
Le musée d'Art Islamique |
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