Gui Zhou et Guang Xi - Chine des minorités

Henri Maître - novembre 2011

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Le Guang Xi
Guilin-Yangshuo
Longji-Sanjiang
Chengyang

 

 

 


Le Gui Zhou
Xijiang
Zhaoxing - 1
Zhaoxing - 2
Huangguoshu - Zhenyuan

 

 

 



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Cartes
la Chine et ses provinces
le Guang Xi
le Gui Zhou


 

 

 

 

 

 

 


 

 

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Page créée par H. Maître le 5 décembre 2011

 

 



Gui Zhou, Guang Xi, deux provinces de la Chine subtropicale. Ceux qui connaissent bien leur globe les trouveront sans peine un peu au Nord du VietNam, mais au Sud du YangTsé, à l'Est du Mékong, mais à l'Ouest de Taiwan (pour sûr !). Pour les cartésiens, c'est au voisinage de 108° E et 26° N. Pour les flâneurs, ça se récupère très bien à la rubrique "images" de leur navigateur. Mais pour ceux qui préfèrent la voiture, c'est un peu plus dur, j'en atteste ... atterrissage à Guilin et, si l'on évite les autoroutes (trop facile !) de longues errances garanties ...

Provinces que l'on dit très pauvres (chapitre 1, page 1 de tout bon guide), mais ça ne saute pas à mes yeux du touriste. Basses terres semées des taupinières karstiques qui ont fait la gloire de Guilin au sud, mais terres qui remontent régulièrement jusqu'aux montagnes du Guizhou, jusqu'aux montagnes resserrées sur des vallées profondes et tortueuses serrant les trésors de leurs villages noirs dans des forêts de conifères et de feuillus. Provinces traversées de fleuves puissants et jaunes qui serpentent, par-ci par -à, au fond de larges vallées en évitant les quilles des karstes. Les routes se trainent partout, en bon état souvent, mais encombrées de virages et de camions. Des routes sans cartes ! comment est-ce possible dans des territoires vastes comme l'Auvergne et la Lombardie réunies ? E pur si muove.  Ainsi, de bouche à oreille, sans plus de panneaux qu'il n'en faut pour dire qu'il y en a. Et maintenant, partout des autoroutes suspendues au dessus des villages, pénétrant les montagnes de part en part, sautant les vallées, enfouis cent fois dans des tunnels.

Guilin, sous la pluie, égrène les noms de ses jardins publics et fait rêver : la grotte des flûtes de roseau, le parc des couleurs accumulées, le parc des sept étoiles, la colline du brocard plissé, le pic de la beauté solitaire, la colline qui arrête les vagues..., Saint John Perse a du y jouer, enfant !

Guilin la nuit, ses canaux et ses temples, entre Venise et Las Vegas. Guilin et ses montagnes en pleine ville, comme les laissés-pour-compte d'une pluie de météorites que les balayeuses de petit matin, armées de leurs chasse-feuilles en palmes, ont oubliées.

Le Guang Xi, plus au Sud, sous un ciel mouillé ("la pluie, c'est mieux pour apprécier le relief karstique"). Le Guang Xi découvert par de belles routes à travers les arbres fruitiers, le long de la rivière Lei, ses pains de sucre par centaines qui bouclent l'horizon comme un rideau de scène. Le Guang Xi aussi avec la lèpre des plastiques recouvrant les collines où mûrissent les kakis et les fruits de la passion.  Et au bout de la route Yangshuo, en fin de course quand tombe le soir, Ibiza asiatique où se retrouvent tous les touristes que la Chine peut abriter. Dans l'arrière pays de Yangshuo, on n'a que l'embarras du choix : grottes de toutes tailles, villages anciens, parcs, et le soir les rues bondées de visiteurs le disputent au Son et Lumière pour distraire le visiteur.

Remontée au Nord, on repasse Guilin et on s'arrête près de Longsheng, dans le site de Longji, où les rizières escaladent le ciel. C'est la colonne vertébrale du dragon !

Les villages sont de bois brun, couverts de tuiles noires, et brillants au soleil. Les riz ont été coupés et leur place est prise parfois par des légumes. De l'eau encore remplit les méandres des terrasses que soulignent les murets de terre. Des petits chevaux colportent des sacs de ciment par des chemins escarpés. Les femmes dans les champs et sur des ponts de bois sont noires et rouges, blouses courtes sur des pantalons serrés, avec des broderies très fines qui couvrent la poitrine, les bras et les épaules. De hautes jambières brodées aussi. Ce sont des Yaos. Leurs cheveux  descendraient jusqu'au sol s'ils n'étaient tordus en des boucles complexes attachées sur la tête par un peigne.

On poursuit jusqu'à la frontière du Gui Zhou, au coeur du pays Dong. Le brouillard est épais le matin, il se dissipera sur le petit village de Chenjiang, au Nord de Sanjiang, très fier de son fameux pont de la Pluie et du Vent, de ses maisons de bois aux balcons chargés de maïs, de riz et de piments, sa place du tambour avec ses danseuses et leurs curieuses coiffes parées de boules de couleur, ses danseurs au son du Lushen, ses vieilles courbées comme des pistolets, comme si elles s'apprêtaient à repiquer le riz sur la place du village.

Retour sur la nationale G321, traversée de petits villages, des toits noirs accrochés les uns aux autres jusqu'au bord du fleuve, des ponts du vent et de la pluie, des temples parfois, désertés mais ouverts, des vieux qui jouent aux dames, quelques chiens.

On abandonne la G321 et on remonte au Nord par des petites routes de fond de vallée, carrossables certes, mais ignorées des cartographes et des GPS, ... ah que la nuit y est profonde dès 18h et que les passants sont rares qui pourraient nous guider ! Arrivée à la nuit à Zhaoxing, heureux comme le randonneur égaré qui rejoint le campement ! Zhaoxing au petit matin se révèlera une perle exceptionnelle : ses maisons à balcon, serrant la rivière de leurs bois noirs, ses ponts travaillés et peints, ses rizières à la porte des maisons et la forêt immédiate qui les borde. On remonte dans un petit taxi jusqu'au col qu'on a eu tant de craintes à descendre dans la nuit. On rejoint à pied le village de Yamu, village Dong lui aussi, très animé (les enfants ne sont pas en classe), redescente à travers les rizières et les forêts. Les vergers de camélias n'ont plus que quelques fleurs, c'est bien dommage. Retour à Zhaoxing, on retrouvera la route par d'invraisemblables itinéraires à travers le chantier de l'autoroute !

Congjiang, tout en longueur de part et d'autre du fleuve Dulin (il semble qu'on l'appelle Dong Yang, ici). On s'enfonce au Sud dans la montagne : Ba Sha, village Miao, très beau dans le brouillard, des maisons de plein bois, des granges où sèchent le riz et le maïs. Ba Sha est réputé pour ses porteurs de fusil (nous en verrons un, soucieux de fixer les traditions), mais ce sont des femmes portant du bois, des enfants chassant des poulets, des fillettes qui lavent leur linge que nous croisons. L'uniforme est de rigueur pour les femme, pantalon, blouse noire avec un tablier à losanges colorés. Un boeuf que l'on dépèce sous un abri ne nous saluera pas, lui, et une volée d'ouvriers, hommes et femmes, qui réparent la placette du village ne s'arrêtent qu'à peine pour nous dévisager. Le touriste n'est pas rare à Ba Sha, on en voit moins un peu plus loin sur la route, dans des villages oubliés des guides.

On se perd encore 36 000 fois pour aboutir à la nuit encore à Xijiang, grosse bourgade Miao, préparée comme une mariée pour le touriste. Derrière les hôtels luxueux au bord de la rivière, derrière la place et ses boutiques, la ville monte en ruelles serrées, plus chemins de montagne que routes carrossables, entre de belles maisons ouvragées, aux balcons vastes, aux toits réguliers de tuiles noires. Des enfants s'en échappent, cartables sur le dos. Des grognements de porcs et de fortes fragrances dénoncent des étables par ci par là. Des mandarines mûrissent dans des jardins, des femmes partent travailler, poussant un cheval, d'autres sont chargées de longs draps noirs, presque violets, luisants, qu'elles vont battre sur le pas de leur porte. La vie là n'est pas pour les touristes, mais celle de tous les jours, comme on la retrouve plus loin, dans les rizières qui s'extraient lentement des brumes matinales, où les derniers riz sont coupés à la main et les troupeaux de canards poussés par les enfants vont prendre possession des mares.

Zhenyuan, une vraie ville, avec ses embouteillages de voitures, mais aussi avec ses maisons anciennes à lanterne plongeant dans la rivière Wu Yang, ses maisons de notables et de lettrés, protégées de murs épais, en vraie pierre, avec de vrais perrons et de vraies salons de réception. On a bien retrouvé la civilisation. Alors, avant de la retrouver tout à fait, un dernier plongeon dans la nature la vraie, celle des parcs de Huangguoshu, avec ses cascades gigantesques et multiples, ses parcs et ses labyrinthes d'escarpements, de grottes, de ponts. Sa population Buyei, les femmes en coiffe de tissu bleu et blanc, savamment pliés, gonflant sur les tempes, vendant des fruits les plus variés (mandarines, fruits de la passion, canne à sucre, kakis, ...) et les plus étranges, comme ces branches brunes mi-tubercules mi-algues, un peu sucrées et juteuses.

Retour à Guiyang, grande ville et magasins modernes de wifi et de fringues, capitale incontestée de ces lieux. D'ici partiront nos avions. Un dernier coup d'oeil rapide sur ses marchés, on traverse trop vite un petit quartier musulman, ... au revoir Gui Zhou !