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juillet-août 2023
Poročilo s prijetnega poletja in družinskega izleta po slovenskih deželah |
les cartes à consulter : 1) pour y arriver et 2) ce qui a été vu |
En route vers l'Est
Rejoindre la Slovénie au départ de Paris, c'est déjà un voyage qu'il ne tiendra qu'au voyageur de rendre passionnant. Qu'il passe par le Nord (l'Alsace, la Bavière puis la Haute-Autriche, la Styrie et la Carinthie), par le centre
(le Jura, le Tessin, les Grisons et le Tyrol) ou le Sud (la Bourgogne, la Savoie, le Piémont et la Vénétie), ce voyageur se régalera s'il a un peu de temps (mais en avions nous assez ?).
Nous avons choisi la voie du Nord pour partir et celle du Sud pour revenir. Évitez le week-end long du
1er août (ce que nous n'avons pas fait !) si vous n'appréciez pas l'alignement sur des kilomètres des excellentes spécialités allemandes (Mercedes, Audi et autres BMW). Fuyant les processions estivales, nous avons escaladé
prématurément les préalpes bavaroises et basculé en territoire autrichien, au cœur de verts pâturages et de cascades de géraniums dans des villages valtdisnéilliens. Écartés de nos routes préétablies, nous avons
tiré des bords au jugé (heureusement, jour de soleil, nous bénéficiions d'un allié), évitant une nationale par ici, rebroussant chemin dans une cour de ferme par là. Le climax de cette errance fut atteint dans le cul-de-sac d'une
charmante vallée du Tyrol, bordée de hautes murailles. Il nous fallut en ce point confier notre voiture à un train et nous-même y prendre place pour traverser par un long tunnel les conséquences des soubresauts de l'orogenèse
du Mésozoïque et du Cénozoïque sur la ceinture téthysienne (merci Wikipédia !).
Et, mettant le cap sur Villach, nous voici en Carinthie, tout à l'Ouest à une encablure de la Slovénie que nous rejoignons finalement par un col magnifique quoique marqué des cicatrices de conflits anciens, passant en revue,
lors de notre montée, des casemates autrichiennes délabrées et pendant notre descente des batteries titistes, rouillées et désossées, mais pointant toujours au Nord leurs fûts menaçants, comme aux beaux jours de la Yougoslavie.
L'entrée en Slovénie par cette porte Nord-Ouest est grandiose. Les paysages y sont les plus fameux de Slovénie. Ils ont fait la réputation des Alpes Juliennes comme déjà nous le rapporte Tacite. Les montagnes ne sont pas très
hautes, mais les vallées sont profondes et étroites, les torrents impétueux et les cascades vertigineuses. Le Triglav qui orne les flammes nationales est le phénix des hôtes de ces monts, et l'objet du désir des plus audacieux randonneurs.
Les autres Slovènes qui ne le défient pas avec sac et bâtons, se retrouvent tous dans les innombrables lacets sur de fringantes bicyclettes, car comme nous le savons, tout Slovène est cycliste et mieux même, excellent cycliste.
Nous en attestons, combien en avons-nous vus des Pogačar et des Roglič !
Lacs et montagnes de Haute Carniole
Kranjska Gora est la capitale incontestée de ces Alpes Juliennes. Station de ski l'hiver, elle est, l'été, le point de départ d'excursions sportives. Elle rassemble à ce titre une vaste population venue de toute l'Europe (nous avons même
vu des Slovènes qui n'avaient pu s'échapper à temps !). Tous pensent voir des ours qui, à en croire les brochures, nous attendent derrière chaque framboisier, ou peut-être des loups, enfin, la Nature, la vraie. La petite église de Kranjska Gora,
baroque en diable si l'expression est permise, mérite une petite halte, avec ses statues fragiles et son gros poêle de faïence. Elle fait écho à la singulière Ruska kapelika qui, au pied du Triglav, nous transporte à mille verstes de
là et en d'autres temps où le grand-frère soviétique venait construire les routes de montagne. Ce petit édifice de bois est charmant et inopiné, reflet d'une lointaine taïga dans ces montagnes juliennes.
Mais nous entrons en Haute-Carniole. Deux lacs retiennent le visiteur. Celui de Bled, auréolé de sa réputation internationale cumule les attraits : un château-fort perché sur une falaise, une île minuscule coiffée d'une église
ancienne, une longue ceinture de promenades et de pelouses ; que l'on ne s'étonne pas que le touriste y abonde au-delà du raisonnable. Celui de Bohinj est plus discret, plus lointain, enfoui dans de hautes montagnes, et du coup un peu oublié.
Sur sa rive, l'antique église Saint Jean-Baptiste, sous son toit de tavaillons et derrière ses peintures murales cache une profusion de moulures, de dorures, de dragons, d'apôtres et d'anges. Un petit bijou sorti tout droit du XIVe
siècle. Toutes les églises ici sont belles, moins d'ailleurs celles au cœur des villages, que celles isolées sur une colline ou en bordure d'un champ. Blanches, pointant leur clocher carré comme le doigt de Dieu, elles surgissent au
sortir d'une forêt dans leur simplicité paysanne.
La route qui nous entraîne vers Ljubljana traverse deux villes, Radovljica et Škofja-Loka, témoignages entretenus d'un Moyen-âge qui ne nous quittera pas lors de ce voyage. Bâtisses épaisses alignées sur une rue principale, larges voûtes, toits
profonds semés de lucarnes et de poivrières, ponts voutés et pansus comme des chanoines, châteaux austères armés de gros murs borgnes, flanqués de tours basses ouvertes sur des cours pavées ... un Moyen-âge qui n'est pas le nôtre, plus
raffiné, moins batailleur, mais tout aussi redoutable, avec des menaces invisibles et polies comme des repaires de Transylvanie.
Ljubljana
C'est la belle capitale moderne d'un état moderne et dynamique. Traversée par la Ljubljanica, elle étire ses quartiers piétonniers et ses quais le long de son cours pour le bonheur des touristes.
Un chapelet de ponts s'égrène aussi de part et d'autre du Pont Triple, point de départ de toute vie. En ce mois d'août et de fortes chaleurs, c'est à la nuit que les restaurants et les bistrots s'animent dans les ruelles et sur les placettes. La
bière et le vin y mènent un dur combat. Ils accompagnent de curieuses pizzas (ou descendantes de pizzas), rectangulaires et épaisses comme la paume, vendues au mètre carré semble-t-il. Nous leur préférons des fritures ou des charcuteries aux
noms imprononçables ou même des soupes de champignons. Derrière les quartiers piétonniers s'étale la ville des bureaux, percée de nombreuses places et jardins jusqu'aux parcs qui bordent la ville. En haut de l'un d'eux qui grimpe une colline,
un imposant château domine la ville. Il est maintenant transformé en musée (un très réussi musée de
marionnettes, en particulier) et accueille des expositions. Mais le vrai quartier des musées est à l'opposé et regroupe de formidables collections
d'art sacré, d'art moderne et d'art contemporain.
En fait, l'art est partout dans les rues de Ljubljana, dans l'architecture qui a adopté le baroque viennois, puis la rigueur germanique, et le modern-style ensuite. Dans les
galeries. Dans une statuaire, omniprésente, sur les façades comme sur les places, à
la gloire des Muses, des résistances de tous types, des poètes surtout. Ces statues et ces bas-reliefs constituent les rares marqueurs d'une histoire chahutée, de l'empire austro-hongrois, de la République d'Istrie,
de l'éphémère État des Slovènes, Croates et Serbes, du Royaume de Serbie, du royaume de Yougoslavie, de l'Occupation partagée entre Italie et Allemagne, de la république socialiste de Slovénie, puis de la très indépendante république fédérative socialiste
de Yougoslavie et enfin de la République slovène (Republika Slovenija), bonne élève d'une Communauté Européenne, partout soutenue.
En route vers la Styrie en temps de pluie
La pluie, la pluie ! ... des cordes et des hallebardes, des chiens et des chats ! la pluie, encore, la nuit et le jour. Pas de problème pour quitter Ljubljana vers le Nord-Est, mais, à peine avons-nous dépassé Kamnik et
son beau château-église que très vite les routes sont coupées et les ponts interdits, menacés par les inondations. Nous errons avec d'autres véhicules refoulés à chaque village en alerte. Il nous faut abandonner notre projet de
dormir à Ptuj. Nous revenons sur nos pas et trouvons tant bien que mal un logement à Ljubljana. Le lendemain, la pluie s'est calmée mais les rivières gonflent encore.
Après avoir consulté les oracles, une route détournée nous est
proposée, qui passe par le Sud et la Croatie, pour revenir à Ptuj, en Basse-Styrie en contournant les zones inondées. Tant pis (temps pis ?), nous ne verrons pas Maribor, ville plus au Nord, au lourd passé d'histoire, convertie aux sports d'hiver,
aux vins et au tourisme. Ptuj est plus modeste, les pieds aujourd'hui trempant dans la Drava. Mais ses maisons médiévales, ses couvents et ses églises bien à l'abri sur les rampes d'une colline, font la nique aux eaux boueuses.
Au sommet, une grosse bâtisse, à peine fortifiée, cache une élégante cour triangulaire à arcades sur deux étages. C'est aujourd'hui un beau musée, riche de mobilier, de peintures mais aussi de statues d'art sacré et d'une belle
collection de costumes de carnaval traditionnels (épaisses peaux de mouton, masques de loups et d'ours, grelots gros comme des cruches). Eglises baroques aux murs couverts de pierres tombales, couvents dépouillés, hôtel de ville
d'inspiration germanique, stèle romaine ... l'histoire est bien présente à Ptuj.
Celje et la Basse-Carniole
Nous pensions retrouver l'Histoire à Celje, qui fut l'incontestable capitale de cette région pendant des siècles. Mais Celje est barricadée contre les inondations, la Savinja lui ayant, dans des temps récents, laissé de douloureux
souvenirs. Cependant nous avons la chance qu'une conservatrice particulièrement souple avec les consignes des Ministères de l'Intérieur et de la Culture réunis, nous ouvre pour un instant les portes - exceptionnellement closes - de l'Ancien Manoir des Comtes, le temps de jeter un regard à l'impressionnant
plafond en trompe-l'œil (Celjski strop) d'un peintre italien inconnu du XVIIe siècle, de jeter un demi-regard aux collections de statues et de faïences, au mobilier. Nous visiterons également au pas de course
le Palais des Princes qui abrite les restes romains de la ville et les souvenirs des comtes qui affrontèrent les Habsbourg aux temps splendides de la ville, et à l'Eglise Saint-Daniel, où un bedeau affamé ne souhaitait probablement pas sacrifier
son leskovaški ćevap pour deux mécréants trop curieux.
Nous traversons maintenant la Slovénie en žigžag en direction (plus ou moins !) de Piran, dans des paysages vallonnés de bois, prairies et cultures,
sous un ciel variant du très mauvais au parfaitement exécrable. Le pays est parsemé de châteaux, souvent fortifiés comme à Turjak, parfois semi-troglodytes comme à Postojna,
parfois encore plaisamment penchés sur un étang comme à Snežnik. Et puis des églises, baroques comme à Postojna et à Nova-Stifta, ou plus rarement romanes, comme l'église fortifiée de Hrastovlje, petite merveille aux murs intérieurs, aux plafonds,
aux piliers, couverts de tout une bible de saynètes pieuses et naïves. La farandole d'une danse macabre court sur tout un mur alternant squelettes et villageois jusqu'au tombeau. A ne pas rater (quoiqu'aucun fléchage n'y conduise !).
Koper et Piran, la côte adriatique
Nous retrouvons le soleil à Koper, gros port, porte d'entrée des industries asiatiques vers la Slovénie (en fait ce sont surtout des voitures "allemandes" qui s'alignent
sur de gigantesques parkings). Le cœur de la ville
est par bonheur épargné de cette fureur commerçante. Il révèle une petite ville vénitienne qui s'attache à son nom ancien de Capodistria, avec une superbe place bordée de palais, de loggias et d'une cathédrale gothique. Mais attention, elle
s'appelle Place Tito (Titovem trg) pour remettre le touriste dans ses livres d'histoire ... La cathédrale est curieusement dépouillée dans ce pays baroque. Elle abrite de beaux Carpaccio que Proust aurait appréciés. Dans les ruelles aux vives couleurs, des
reflets de palais antiques transpirent : portails, fenêtres,
balcons, mais parfois aussi sculptures ou plaques accrochées à une façade. Une église du XVe siècle, ici, est transformée en foyer de musiciens, là, un grenier à grain abrite une ambassade et un therme romain cache un cordonnier.
Guère plus loin, c'est Piran qui terminera notre visite de la Slovénie. Il nous faut trouver notre logement et ce n'est pas une maigre affaire car toute la ville est entièrement piétonne (et heureusement car ses ruelles à flanc
de colline ne sont vraiment accessibles qu'aux vespas et aux chats ...). Piran ouvre sa place principale (la place Tartini pour les mélomanes) sur un port de plaisance et laisse à Koper l'ennui des gros cargos ... Piran est pour les touristes,
ses ruelles ont le charme latin, ses cafés des terrasses accueillantes et son port, l'arrière-plan indispensable aux photos de vacances. Il faudra au touriste l'effort de monter jusqu'à la cathédrale Saint-Georges pour englober d'un même regard
la côte croate et la baie italienne de Trieste ; le petit littoral slovène, jusqu'à Koper, n'est qu'un infime segment. Mais là-haut, un Saint-Georges rutilant et des plafonds délicatement peints nous récompenseront de l'effort.
Nous quittons la Slovénie par Trieste, puis la Vénétie, jusqu'à Turin, mais ceci est une autre histoire que nous raconterons ailleurs.
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Les visites en images Avant-propos Dans les rues les enseignes en Bavière et en Slovénie 1ère station Haute-Carniole Le Nord-Ouest des montagnes et des lacs 2e station Ljubljana Une capitale imprégnée d'histoire et d'art 3e station Ptuj, Celje A l'Est en temps de pluie 4e station Basse-Carniole Turjak, Nova Stifta, Postojna, etc. 5e station Koper et Piran La côte adriatique |
Château-musée de Ptuj en Basse-Styrie |
Château-musée de Škofja Loka en Carniole |
Galerie Moderne Ljubljana |
L'art Sacré de la Galerie Nationale Ljubljana |
La peinture slovène de la Galerie Nationale Ljubljana |
Les marionnettes du château Ljubljana |
Les photographies de Susan Meiselas Galerie Jakopic Ljubljana |
Page créée par H. Maître en octobre 2015 - mise à jour le 29 octobre 2023