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Visite à quelques minorités du Nord du Vietnam

Au pays des Tays, des Daos Rouges, des Hmongs et des Lolos   - Août 2017  -  Henri Maître

 

Voyages en images

 

Les villes : Hanoï, Hà Giang, Méo Vac, Cao Bâng, Lang Sôn, la baie d'Ha Long

 

 

 En pays Tay

 

 

En pays Dao

 

 

En pays Hmong

 

 

En pays Lolo

 

 

 

 


Les cartes

 

Le Vietnam

Le Nord du Vietnam et la zone visitée

La région frontalière sino-vietnamienne et les régions traversées à pied

Carte d'implantation des minorités


(© Musée Ethnographique de Hanoï)

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

Quelques passages homériques

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

Merci Terd'Av pour l'aventure. 

 

Deuxième visite au Vietnam et deuxième visite du Nord. La première visite avait été consacrée aux villes (Hanoï, Hué) et aux paysages (la baie d'Ha Long en mer et en terre). Une petite virée à Sapa nous avait révélé l'exceptionnelle richesse des minorités vietnamiennes. Cette fois c'est pour elles que je reviens et nous le ferons à pied pour prendre le temps de les retrouver sur leur terrain.

6 août - L'arrivée à Hanoï s'impose, ainsi qu'une rapide visite de la ville, le temps de se rendre bien compte combien la ville s'est plongée dans son siècle en 12 ans. Encore plus de scooters (comment est-ce possible ? il y en avait déjà tant !), infiniment plus de téléphones portables, plus de touristes, plus d'agences de voyages, plus de queues aux restaurants fameux, plus de plus un peu partout ...Le temps de se prendre aussi, par surprise, une de ces douches dont le pays a le secret, qui vous immobilise dans un temple, ruine votre première paire d'espadrilles, et finalement apportera à votre bagage cette petite odeur d'humide qui n'ira qu'en s'amplifiant les jours suivants. Il faudra le réconfort d'un petit repas sympa d'anguilles frites aux oignons, fenouil et cacahuètes pour se remettre en selle.

7 - Au démarrage, nous prenons la route du Nord-Ouest, le long du Fleuve Rouge (le Sông Hông), selon la tradition des explorateurs français. Nous le quitterons pour suivre la Rivière Claire (Sông Lô) qui s'engage plus au Nord. Pas si claire, mais d'un jaune de safran qui nous rappelle que les pluies persistent depuis des semaines dans les montagnes. Nous mettons pied à terre pour nous dérouiller les jambes. Premier contact avec le pays Tay. Il occupe le fond des vallées et nous le retraverserons souvent car c'est par les routes qui longent les fleuves que l'on circule. Dans les montagnes, les autres minorités ont été repoussées et ne sont plus guère accessibles que par des routes en lacets ou - plus souvent - des pistes que les moussons ravinent.

Nous repartons jusqu'au massif de Tay Con Linh au Nord-Ouest de Ha Giang. La frontière chinoise est à Thanh Tùy à moins de 15 kilomètres. Nous passerons deux nuits dans le gros bourg Tay de Phuong Dò.

En pays Tay.

Villages nets, paysages bucoliques et proprets de cultures de riz et, sur les collines, de thé. De l'eau partout, de grosses fermes cossues sous leur épais toit de latanier. Leurs pilotis dévoilent des appentis bien rangés, où dorment des motos et des ustensiles agricoles, parfois un motoculteur ; les porcs sont discrets et les chiens accueillants ; des coqs courent partout, en quête probablement des poules que l'on ne voit guère. L'étage est de bois gris, patiné par les pluies. Il s'ouvre de baies sans vitres que protègent des volets. Peu de galeries ou de terrasses. Des bassins partout, où s'ébrouent des canards se déversent les uns dans les autres par de savants réseaux de bambous qui noient des cressonnières ou des semis de riz. De gros rochers noirs et luisants ponctuent les jardins, faisant en miniature un tableau du pays tout entier, hérissé de ses blocs karstiques. Les gens vont aux champs sous leurs chapeaux coniques, bottés de couleurs vives, chasubles grises tombant aux genoux, pantalons noirs pour les hommes et les femmes. Ils ont à la ceinture, glissée dans le dos, une serpe dans son fourreau de cuir et sur l'épaule, qui une pique ou une fourche, qui des seaux suspendus à un bambou. On verra par la suite nombre de tenues plus habillées : un gilet noir avec ou sans manches garni de quelques broderies vertes horizontales sur la poitrine, en guise de fermeture ; un anneau d'argent tout simple sert de collier.

Nous dormons le soir dans l'une de ces maisons enfouies dans un dédale de jardins et de bassins. La vaste salle de l'étage est une pièce unique que l'on déclare autant que de besoin chambre, salle à manger ou pièce à vivre. Exceptionnellement, ici, elle a été cloisonnée en box légers pour accueillir les visiteurs de passage. La charpente est particulièrement impressionnante. Constituée de larges et multiples poutres chevillées, elle supporte une première toiture de tuiles que recouvre plus d'un mètre de feuillage. La cuisine est faite à l'étage en dessous, où l'âtre brûle toute la journée.

8 - Au matin, la première randonnée au départ de Phuong Dò nous rapprochera encore de la Chine, puisque nous partons plein Ouest à l'assaut du massif. 35 degrés et une bonne pente, voila de quoi me faire souffrir ! Nous quittons les Tays pour les Daos et les rizières de fond de vallée escaladent maintenant les montagnes sans rien perdre de leur fraîcheur. Miracle de l'irrigation de montagne. Les Daos sont, ici, aussi experts pour modeler un paysage qu'ils le sont à Longji au Guizhou en Chine (où ils s'appellent Yaos). Nous pressons le pas à la descente car un méga orage s'annonce. Il nous rattrapera en route et c'est dans une ambiance de fin du monde que nous rejoignons notre logis. Les capes de pluie sauvent les sacs à dos mais les chaussures font floc floc ! Fourbu de crampes, je fini sur une moto fortuitement réquisitionnée.

9 - Le lendemain, nous partons en bus, direction Ha Giang pour faire quelques courses et jeter un oeil au marché, puis à nouveau sur la route du Nord, jusqu'au Geoparc de Dòng Vàn, vaste accumulation de structures karstiques à près de 1000 m d'altitude, adossé à la Chine. A Quiet Tien, nous mettons pied à terre pour une longue randonnée jusqu'à Nam Dam. Adieu les Tays, nous sommes maintenant au pays des Daos Rouges, pays qu'ils partagent avec les Hmongs Noirs. Notre guide est une jeune femme Dao en tenue traditionnelle, claquettes aux pieds. L'orage nous saisit en route, un orage brutal et violent, grondant d'un tonnerre qui se répercute sur les montagnes. La piste, maltraitée depuis plusieurs jours, est devenue un profond bourbier de glaise jaune brique. Lorsqu'elle se perd dans les buissons pour redescendre dans la vallée, c'est en aveugles que nous la suivons.

Au pays des Daos Rouges et des Hmongs .

Nous dormons à Nam Dam, chez les Daos, dans une grosse maison de pisé et de bois à un étage (le pisé en bas, pour les animaux et le matériel, le bois à l'étage, pour l'habitation). La maison est ceinturée d'un balcon. Elle est couverte d'un toit d'herbe à éléphants (le miscanthus sinensis, cette graminée aux longues feuilles d'un beau vert pomme, haute de 3 mètres, qui pousse si abondamment alentour).

10 - Le matin nous traversons pendant une heure des champs de riz et de maïs où s'activent des paysans Hmongs avant d'arriver sur la brèche d'une vallée profonde. La descente est acrobatique parmi les maïs et les arachides et la troupe a bien piètre allure lorsqu'il nous faut reprendre notre véhicule. Nous ferons le tour du GeoPark en minibus, sur les lignes de crête. Les sommets sont couverts de pins et, sur l'argile rouge, le paysage prend curieusement des allures d'Esterel. Mais nous sommes à plus de 1000 m et la Chine est juste derrière les dents de scie de l'horizon. Nous mettons cependant souvent pied à terre pour rejoindre un petit hameau Hmong perdu dans les collines où des populations mêlées de femmes, d'enfants, de vieillards s'activent dans les cultures (la cueillette du maïs bat son plein). Nous passons la nuit à Meo Vac, à l'hôtel, de quoi remettre hâtivement en état l'équipement en mobilisant force ventilateurs. Le repas est pris dans une petite gargotte, autour d'un poêlon de soupe fourre-tout.

11 - Nous repartons au matin dans un paysage grandiose que nous ne verrons pas vraiment car il est noyé dans le brouillard. C'est au Nord du massif du Pa Vi, le long des falaises qui bordent les gorges de la rivière No Que, un affluent oriental de la rivière Claire. Comme pour toutes les eaux que nous verrons, la No Que est jaune safran en raison des pluies récentes. Lorsque les brumes le permettent, nous apercevons le mur noir et luisant des falaises sur notre droite, et, par des échappées, parfois, des massifs imposants de l'autre côté de la vallée. Nous arrivons ainsi jusqu'à un petit hameau Hmong perdu dans les massifs de bambous, les cultures de maïs et de chanvre. Les femmes que nous croisons sur le chemin, ainsi que les fillettes, portent toutes à la taille un écheveau de fibres grises qu'elles tressent en marchant. Elles feront ensuite des vêtements, des nattes et des cordages avec ce matériau rugueux mais diablement solide. Nous verrons aussi, aux murs des maisons, des cordes de chanvre, lestées d'une lourde pierre, en train de sécher. Nous reprenons notre véhicule qui nous laisse finir à pied et à la nuit tombante la dernière heure de marche pour atteindre le petit village Lolo de Khuoi Khon.

En pays Lolo.

Les Lolos, appelés aujourd'hui Yis plus au Nord, appartiennent au groupe tibéto-birman de la famille linguistique sino-tibétaine, à la différence des Hmongs ou des Daos qui sont de la famille Hmong-Mien et des Tays qui appartiennent à la famille Thaï-Kadaï (voir pour plus de détail Les ethnies minoritaires du Vietnam de Dang Nghiem Van et al.) Les Lolos vivent des ressources de la forêt et de l'élevage, tandis que les Hmongs et les Daos sont surtout des agriculteurs.

La belle piste qui nous a permis de monter (belle quoique emportée en de multiples endroits au point que notre petit bus n'a pu l'utiliser), s'achève brutalement et se convertit en petits sentiers divergents qui conduisent au village. Il est constitué d'une grosse poignée de maisons que l'on découvrira peu à peu car chacune se cache dans un creux de montagne et sous de grands arbres. Maisons de bois bien sûr, sur pilotis, porcs et instruments agricoles en bas ; les vaches sont souvent un peu plus loin dans un enclos couvert. Les toits sont de tuiles noires et des palissades de bambou courent autour des enclos. Une seule grande pièce à l'étage, un rare mobilier construisant ici un vague salon avec deux fauteuils et une table basse, là un autel des ancêtres avec une commode chargée d'objets hétéroclites, peinte de rouge et de caractères chinois. Le "coin-cuisine" a la place d'honneur : le plancher est retiré sur un mètre carré pour dégager un âtre de pierre. Il recevra une grosse marmite pour la soupe de maïs où l'on rajoutera quelques robustes morceaux de poulets, des feuilles de choux ou du coeur de bambou. Il recevra aussi une poêle où frira le gras de porc et reviendront des arachides. Parfois une chambre cloisonnée de planches vient empiéter sur l'espace commun, sans fenêtre, éclairée par des fils courant sur les poutres et une ampoule blême pendue à un clou. La salle commune est bordée d'un large balcon et se prolonge parfois par une terrasse. C'est là que se passe la vie quotidienne : la préparation de la cuisine, la réparation des vêtements, le travail scolaire des enfants, l'affûtage des outils. L'eau coule d'un bambou entre les maisons. Plus bas, là où se réunissent quelques sentiers, se trouve ce qu'il faut bien appeler le centre du village, marqué par un gros conduit de bambou également, porté par des piquets, qui délivre un flot abondant. Il est judicieusement échancré de fentes en biseau qui laissent s'écouler autant de douches. C'est là que défile le village pour les ablutions, les vaisselles ou l'entretien de l'indispensable moto. On vient y conduire le bétail et y remplir des récipients. C'est aussi à l'évidence un lieu d'information et de convivialité.

12 - Le lendemain, nous explorons la montagne autour de Khuoi Khon. Très vite nous retrouvons des villages Hmongs et dans les champs de maïs, des volées de paysannes et d'enfants s'affairent à la cueillette, jupes longues et foulards bariolés, hottes d'osier sur le dos, parfois un bambin accroché sur le ventre. Comme dans les montagnes que nous avons déjà traversées, le maïs est très peu dense, les pieds étant séparés de cultures basses, arachides ou pois. Pas de pluie aujourd'hui, à peine un petit crachin vite oublié.

13 - Partis de bon matin, nous quittons le village Lolo et retrouvons notre véhicule dans la vallée. Il nous dépose sur les flancs du Nguom Nan et nous prenons un très beau sentier qui nous fera traverser le massif entre les pains de sucre karstiques couverts d'une superbe forêt. Des maisons de Daos Rouges sont éparpillées en lisière. Si l'on a de la chance, les toitures sont faites de demi-bambous alternativement convexes et concaves, imbriqués, sinon c'est de la tôle ondulée. On n'y arrive qu'en moto et encore faut-il se préparer souvent à mettre pied à terre. Les ondes néanmoins arrivent comme l'attestent quelques antennes. L'eau est stockée devant chaque maison dans de grandes citernes de béton qui récoltent l'eau des toitures. Les jardins autour sont bien fournis : des pois, des courges, des choux et bien sûr des arachides. Quelques poulets rachitiques (c'est probablement à cela qu'il doivent de vivre !) courent par ci par là et l'on entend grogner des cochons. Les champs démarrent sitôt que la pente est inférieure à 85 degrés semble-t'il et les parcelles sont souvent si petites que seuls quatre pieds de maïs y tiennent. Mais tout ce qui peut se bêcher est récupéré ! Arrêt dans une école (encore vide car la rentrée est ... demain). Trois salles alignées dans des murs de béton, avec de vraies vitres et de vrais volets. Des salles claires et propres, au sol bétonné, des tables simples mais fonctionnelle. Un tableau noir, des panneaux muraux (de quoi parlent-ils ? de la famille ou des conjugaisons ?). Un préau étroit sur la façade et l'inévitable citerne d'eau, mais ici en inox et étanche signe indéniable du progrès en marche. Quelques fillettes nous rejoignent, venues des maisons que l'on distingue là-bas. Conversation symbolique s'il en fût. Elles semblent se régaler de notre déjeuner, peu familières dirait-on du thon en boîte. Nous reprenons notre route dans un paysage toujours renouvelé. Nous traverserons ainsi une bambuseraie et une forêt primaire hébergeant des arbres gigantesques d'où dégringolent des filets de lianes.

A la fin de la journée, nous arrivons au petit village qui nous hébergera pour la nuit. Village Dao de cinq ou six maisons éparpillées dans des jardins. Notre gîte est une maison traditionnelle toute en bois et au toit de bambou, de plain-pied (mais une échelle permet d'accéder à un grenier qui semble consacré au fourrage et au maïs). Le sol est de béton. Les murs, sans fenêtres, sont constitués de larges et épaisses planches jointives. Tout est en bois massif d'ailleurs : une table-établi qui porte tous les instruments de cuisine, des pôts, des bouteilles, des panières, des bassines et de grandes marmites noircies ; une table basse à quatre places et des petits bancs de bois où mangeront les femmes et les enfants tout à l'heure. Une autre table basse et carrée pareillement, mais plus centrale, pour les hommes. L'âtre par contre est un four de pierre au centre de la pièce qui reçoit son bois par deux ouvertures de façade et accueille deux ou trois marmites. Enfin un grand récipient de plastique de couleur sert de réserve d'eau interne. Il est rempli à partir des trois citernes qui trônent devant la porte. La partie réservée au sommeil est un peu de côté. Les murs sont tendus de nattes. Un faux-plancher court autour de la pièce et isole les matelas du béton. La pièce est très sombre, très noire en raison des fumées de l'âtre. Elle est éclairée toute la journée. L'électricité est amenée par un câble, sur des perches, à travers les jardins depuis un transformateur à l'entrée du village.

En pays Nung et retour en pays Tay.

14 - Repartie vers l'Est au matin, notre petite troupe s'est scindée en deux. Les plus intrépides ont choisi un chemin plus au nord qui emprunte sur 200 m une piste en corniche à flanc de falaise. Risquée par ces temps humides ! Nous empruntons un chemin moins exposé, serpentant par les fonds de vallée. Les paysages ressemblent à ceux d'jier et d'ailleurs, très vite, comme hier, nous rencontrons une école qui, comme annoncé, procède à la rentrée. Trois institutrices supervisent une poignée d'élèves de tous âges, qui, balais en main, contribuent à une remise à niveau des locaux. En cours d'année, c'est bien sûr l'enseignement des langues qui les occupe surtout. Elles sont Daos, formées à Hanoï, et ont pour mission d'inculquer le vietnamien. Les villages sont de plus en plus nombreux tandis que l'on progresse et la diversité des constructions aussi. Les tuiles ont réapparu, mais aussi le fibro-ciment. Certaines maisons ont des murs constitués d'un entrelas de babous écrasés, ce qui leur donne une originale couleur claire, bien distincte des murs de bois noircis. Le gros temps menace à l'heure du repas et nous nous réfugions pour manger dans une petite échoppe qui tient lieu de café sur la route. Nous arrivons dans l'après-midi dans la vallée de la Ngam Ngu où nous reprenons contact avec la civilisation. La vallée est occupée par des Nungs. Ils appartiennent au groupe linguistique Kam-Thaï (et donc à la famille Thaï-Khadaï) comme les Tays et comme eux ce sont de bons agriculteurs qui occupent les fonds des vallées où ils cultivent surtout le riz.

La maison qui nous héberge est sur pilotis. Au rez de chaussée, une table de billard à poches sert de perchoir aux poulets et de grandes nasses à poisson pendent aux murs. Grand confort ! La maison dispose de douches et de toilettes à l'extérieur et, à l'intérieur, d'une glacière et d'un téléviseur. Une petite entrée en terrasse recueille nos chaussures trempées et nos capes de pluie car l'orage s'est abattu soudain et brutal sitôt le soir tombé. Dans la grande pièce, c'est l'âtre immense que l'on voit d'abord, hébergeant déjà quatre ou cinq marmites. Un quartier est isolé pour les chambres des hôtes. Nous logerons dans la grande salle sur des nattes. Des nattes de bambou couvrent aussi les murs où sont accrochés des diplômes, des photos en souvenir d'un mariage en robe blanche ou à la gloire d'une vie administrative bien remplie et une affiche de propagande pour un rassemblement Nung. Nous passerons la soirée à chanter à l'occasion d'un karaoké improvisé, réchauffés par forces rasades d'alcool de riz ponctuées de vibrants 'tsu tsu kué' !

15 - Nous repartons pour une demi-journée de marche sous un ciel bien lourd. Les chemins sont détrempés et boueux. Nous visitons plusieurs villages, des Tays surtout. Végétation particulièrement exubérante. Partout des femmes passent, courbées sous des monceaux de plantes qui, déchiquetées par de curieuses machines, puis bouillies, serviront à nourrir les porcs. Des petits groupes de belles vaches brunes (ne dirait-on pas nos tarines savoyardes ?) rejoignent les pâturages. Pluie dans la partie la plus critique du trajet : la descente à travers bois, abrupte et glissante, enfouie dans les broussailles. Nous rejoignons tant bien que mal, crottés et trempés, une route où nous récupère notre véhicule. En prime de nos exploits, nous déjeunons dans un vrai restaurant à Thong Nong, puis reprenons la route jusqu'à Cao Bang où nous attend un hôtel. Visite de la ville et de son marché, les flots jaunes de la Bang. Souper dans un tout petit restaurant.

16 - Pluie diluvienne le matin sur Cao Bang, mais par chance nous partons en bus. Direction le sud puisque nous sommes maintenant sur la nationale 4. Nous nous arrêtons à hauteur de Dhong Khe de sinistre réputation pour les troupes françaises. Nous rejoignons à pied un petit col, le long de grandes falaises de calcaire. Les maisons ne sont plus en bois ; elles sont en pisé léger sur un bâti de bois. Nous nous laissons glisser dans la vallée d'une petite rivière dont nous descendrons le cours pendant une heure, tantôt dans l'eau jusqu'à mi-cuisse, tantôt sur la berge dans les grandes herbes. Bain plutôt agréable dans une eau chaude et malgré les tentatives de toutes petites sangsues de profiter de l'aubaine. Dans un hameau Tay (ou Nung ?) nous prenons un déjeuner de nems et de légumes. Puis nous rejoignons la RN4 à travers des fermes, des jardins et des vergers bien entretenus. Sur la RN4, c'est un défilé ininterompu d'énormes semi-remorques en provenance de Chine, à quelques heures de route. En sens inverse, les camions chargés de porcs et de vaches, les chargements de légumes et de bois assurent l'équilibre des balances. Nous passons la nuit à Lang Son dans un hôtel très moderne qui nous offre toute la nuit les creusements de sa piscine en cadre sonore.

Le lendemain nous rejoignons Ha Long, embarquons sur un bateau pour aller mouiller dans les rochers parmi 20 autres bateaux. Passons vite sur cet épisode. Nous rejoindrons Hanoï le jour d'après et je consacrerai ma journée au Musée ethnographique, un peu désuet, un peu poussiéreux, mais riche de bien belles collections.

Habits, costumes et bijoux

 

La population du Vietnam est très majoritairement Viet (on dit aussi Khin). Les minorités, au nombre de 54, atteignent à peine 15 % de la population. Nous n'en avons vu que 5 au cours de notre voyage : Les Taïs, les Lolos, les Daos, les Hmongs et les Nungs. Chaque ethnie se subdivise en nombreuses familles qui se différentient par leur costume de vallée en vallée. Nous n'avons vu qu'un petit nombre de village et donc une bien faible variété de costumes. En particulier, nous n'avons pas vu de costumes traditionnels Nungs.

Les costumes des Daos Rouges.

Les femmes Daos Rouges se distinguent par leur coiffe. C'est un édifice complexe constitué d'un turban noir terminé par une bande rouge qui est ramené sur le front. Le tout est arrimé par des cordelettes de couleur vertes ou jaunes ou un ruban brodé de formes géométriques. Un pan flotte sur le cou à la façon des cols de marins, que la femme ramènera éventuellement sur la tête pour se protéger du soleil. La veste noire est ample, fermée à droite par quelques boutons, brodée aux manches de motifs colorés et terminée, sur l'avant, de deux pans, bordés d'un large galon, qui sont ramenés dans la ceinture. Le pantalon droit est noir. De lourds colliers d'argent frappé descendent en cercles concentriques autour du cou et de petites boucles d'oreille ornent les lobes des oreilles. Le vêtement de l'homme est sévère en comparaison : noir ou bleu marine, sobre et presqu'austère, la veste fermée au milieu d'une série de boutons, et pour coiffure une sorte de bérêt posé bien symétriquement. Les petits enfants entre un et trois ans) portent de curieux bonnets brodés oranges, rouges et blancs, en forme de toques, parfois dotés d'un pompon, ornés de pièces de monnaie ou de guirlandes de perles. Il ne m'a pas semblé que nous ayons vu de vêtements teints à l'indigo. L'indigo servait traditionnellement à teindre dans un noir/bleu métallique les habits Daos, mais il me semble que les tissus sont aujourd'hui de confection industrielle.

 

 

Les costumes des Hmongs.

Les costumes des femmes Hmongs ont ici des couleurs très variées. Leur coiffe est généralement un fichu avec des pans flottant sur les épaules, et parfois un turban de velours, souvent rouge ou violet. Les jupes sont amples, à mi-mollet. Leurs plis rappellent en plus simples les "mille-plis" des Miaos du Guizhou, mais ici elles sont en chanvre, tissé sur place et non en cotonnade. Les couleurs sont souvent unies pour les femmes, mais pour les jeunes filles et les fillettes, elles alternent des teintes vives. Un pantalon "corsaire" complète parfois la jupe et une large ceinture d'étoffe la maintient. C'est à cette ceinture qu'est attaché l'écheveau de chanvre que la femme tresse en marchant. Le haut du vêtement féminin comporte une chemise simple ou un tricot et, par dessus, un gilet de laine avec ou sans manches, souvent non fermé. Aux pieds, des bottes ou des espadrilles de plastique moulé, sans talon ni attache d'aucune sorte. Elles portent au dos de hautes hottes de rotin ou parfois de plastique coloré, à moins qu'elles ne ploient sous d'énormes buissons d'herbe à éléphant, de tiges de maïs ou sous des fagots de bois. Certaines femmes se rasent encore le front très haut, ainsi que les sourcils. Elles peuvent aussi s'orner la bouche de dents en or (les quatre canines le plus souvent, parfois aussi les premières pré-molaires). Ces habitudes ne sont pas reprises par les jeunes générations nous semble-t-il. Les vieilles ont souvent la bouche noircie de bétel. Les fillettes ont parfois un rose léger sur les lèvres.

Nous n'avons pas noté d'élément particulier dans les tenues des hommes et des adolescents, si ce n'est une addiction très forte à la moto.

 

 

Les costumes des Tays.

Les Tays que nous avons rencontrés se distinguent par leur costume généralement noir, constitué d'un pantalon court mais ample ou d'une jupe au genou et d'une veste droite, barrée horizontalement de cinq ou six liserés verts. Le chapeau est le cône de bambou léger traditionnel ; dans les villages, et surtout chez les femmes agées, il pourra être remplacé par une toque de tissu sombre ; un grand sac fourre-tout, rectangulaire, en tissu, est souvent accroché à l'épaule. Les pieds sont chaussés de bottes dans les rizières et de sandales sur les chemins. Les bijoux sont sobres, cercles d'acier ou d'argent autour du cou ; parfois une petite fleur en argent ou en or orne l'oreille. Les tenues des hommes ne se distinguent pas du tout du vêtement Viet que l'on rencontre partout dans le pays.

 

 

Les costumes des Lolos.

Les femmes Lolos de Khuoi Khon portent une tenue bien distincte des autres minorités du Nord Vietnam. Elle est principalement noire, toque, veste et pantalon, mais réhaussée de broderies. La coiffe la plus habillée est formée d'un bandeau, ramené de l'avant vers l'arrière dont l'extrémité libre flotte sur les épaules, noire, mais bordée d'un liseret blanc. C'est la coiffe des fêtes. Au quotidien, ou est-ce seulement les jeunes ?, elle est souvent remplacée par un foulard de couleurs vives, en tissu écossais. La veste est droite, courte, col droit, boutonnage central brodé de couleurs vives comme l'encolure. Le dos porte une broderie rapportée de motifs géométriques, très codifiés, tant en formes qu'en couleurs. Jusqu'au coude, les manches sont ornées d'anneaux de broderie, puis l'avant-bras est entièrement couvert d'anneaux de tissu coloré et brodé. Une ceinture large, de tissu rouge ou jaune, barre le ventre. Le pantalon noir est long et large, sans broderie.

 

 


 

 

 

 

Ce qu'en pense le Musée d'Ethnographie de Hanoï

 


henri

        
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© henri maître - le 2 octobre 2017