retour à la page des Minorités
Les Naxis : le Peuple DongbaLijiang et le Dragon de Jade (Yulong) - Yunnan - octobre 2013 - Henri Maître
|
|||
Minorité Naxi
Carte du Yunnan
Les autres minorités :
|
Les Naxis sont les voisins des Baïs, des Mosus, des Yis et des Pumis dans le Nord du Yunnan, à la frontière du Sichuan. C'est un peuple de haute altitude (plus de 3 000 m souvent) abrité par la bienveillante protection de Yulong Shan, le prestigieux "Dragon de Jade" qui élève ses sommets enneigés à 5 600 m d'altitude. C'est un peuple de l'eau également. Le cours supérieur du Yangtsé (il s'appelle ici le Jinsha Jiang : le "fleuve aux Sables d'Or", car il adorre changer de noms), arrose les prairies autour de Lijiang, remplit les étangs et les bassins de ses parcs et tend partout un miroir au narcissique Yulong. Les Naxis font partie de la famille linguistique sino-tibétaine et du groupe tibéto-birman. Ils sont très proches des Yis. Ils regroupent officiellement les Mosus (aussi dénommés Na), qui habitent les montagnes de la rive gauche du Yangtsé, mais ceux-ci tiennent à leur identité et nous ne parlons ici que des habitants de la rive droite du Yangtsé, ou plutôt des habitants de la boucle ouverte au Sud du Yangtsé, puisque celui-ci, en aval du Saut du Tigre se livre à des errements multiples. Les Naxis sont probablement issus des hauts plateaux tibétains et des peuples Qiang. Ils se sont installés là au début de notre ère (dynastie Han). Eleveurs (chevaux, boeufs, yacks), ils sont devenus agriculteurs et y exploitent les mines de fer, d'argent et de cuivre. Les Naxis font partie des peuples qui seront vaincus par les Yis et les Baïs lors de la constitution de l'empire de Nanzhao (voir la page des Yis). Ils gagnent un peu d'autonomie à la chute du royaume de Dali (voir la page des Baïs). Alliés des Hans, et de l'empire chinois lors des royaumes mongols, ils sont en charge des marches de l'empire. Les Naxis confortent leur rang et leur indépendance, leurs "tusis" ayant rang de rois (Mu) à Lijiang et à Yongning. Au 16e siècle, Lijiang, passage obligé des caravanes vers le Tibet d'une part, et vers la Thaïlande et l'Inde d'autre part, devient une ville étape importante et elle acquière la stature d'une capitale régionale, enrichie de son commerce et des taxes qu'elle prélève. Elle s'orne de palais, de temples et tisse un plan urbain particulièrement élaboré autour de la distribution de l'eau. Les dynasties mandchoues rogneront cette indépendance en imposant une administration venue du Nord. Les Naxis rejoindront plusieurs révoltes et révolutions jusqu'au virage du 20e siècle qui les verra rentrer dans la République Populaire.
Ville et sociétéLa ville est constituée de maisons basses, d'un étage, en bois brun ou rouge, ouvertes sur la rue par une échoppe, munies d'un court avant toit. Elles sont couvertes de toits de tuiles noires. Les rues étroites et sinueuses sont pavées de gros blocs ou de dalles de basalte. Des canaux parfaitement agencés les bordent souvent, qui distribuent l'eau dans toute la ville. Magasins et restaurants sont largement ouverts sur la rue par des baies que, nonobstant le vent frais des montagnes, personne ne cherche à clore. La vieille ville, toute noire de ses bois anciens (ne l'appelle t'on pas "l'encrier") se poursuit par le parc de l'Etang du Dragon Noir, ses temples et ses lacs où se reflète de Yulong. Le vêtement Naxi se voit partout porté dans les villages alentour. Pour les femmes, au quotidien, c'est une veste épaisse, bleue claire ou blanche, parfois brodée aux poignets. Par dessus, une chasuble sans manches, généralement rouge sombre ou brique, fermée à droite par une attache et bordée d'une large broderie noire. Un ruban blanc, croisé sur la poitrine s'orne d'un noeud pour les femmes mariées, noeud que n'ont pas les tenues des jeunes-filles. Il retient une cape La jupe est ample aussi bien claire que sombre, ornée de petits plis, parfois un pantalon, et toujours un large tablier de velours noir jusqu'aux genoux. La coiffe est noire, cône pincé verticalement, souvent brodée de blanc. Elle est bordée sur le front d'une superposition de cinq ou six tissus blancs, étagés en dégradés, brodés de rouge et de bleu. Les hommes arborent le manteau long aux manches amples des tibétains et des mongols. Ils portent souvent un chapeau de cuir épais façon "far-west". Lors des cérémonies, la variété des tenues éclate librement : bonnets en turbans, hautes coiffes noires de velours, petites coques posées sur la tête d'où partent des pendentifs de perles, bandeaux ornés de cabochons d'argent ... Les Naxis ont entretenu une très longue relation avec la musique savante qui leur a valu une réputation de musiciens de cour dans la Chine entière. Les orchestres réunissent une trentaine de musiciens au moins et les instruments les plus remarquables. Les concerts se tiennent dans des académies selon un rituel très élaboré. Malheureusement les jeunes générations semblent peu sensibles au prestige de ces musiques qui s'ancrent profondément dans le patrimoine Naxi et l'on est frappé de l'âge vénérable des pupitres.
La culture Dongba
La religion la plus traditionnelle en pays Naxi est l'animisme appelé ici animisme Dongba. Il est issu de la plus antique religion tibétaine (la religion bön) à laquelle se sont mêlés des apports du lamaïsme, du confucianisme et du taoïsme. Les prêtres (ou plutôt les chamanes car leur rôle s'étend à tous les registres de la vie sociale : médecine, éducation, agriculture, bien au delà de la sphère spirituelle à laquelle nous résevons volontiers ce terme), occupent une place très élevée dans la hiérarchie, à l'égal de celle des bimos de l'ethnie Yi. Ils procédent aux rites funéraires, conversent avec
les esprits, dirigent les cérémonies propiatoires pour les moissons, commémore l'ancêtre commun à tous les Naxis, Enpu Sando, auteur d'exploits fondateurs de l'ethnie. Les esprits sont des monstres maléfiques, souvent sortis de l'eau, qui tourmentent les vivants et peuvent leur dérober leur âme. Pas de temples dans la religion Dongba, les
cérémonies se déroulent en plein air, face au Yulong. Les objets rituels sont des figurines de bois ou de paille tressée. Des planchettes de bois gravé sont enflammés autour des lieux de cérémonie.
Le chaman est revêtu d'une longue robe écarlate et coiffé d'un chapeau conique. Il lit les textes anciens rédigés dans l'écriture Dongba, très particulière par ses pictogrammes naïfs. Seuls les chamanes ont la connaissance de cette écriture qui compose cependant le très long codex dongba, constitué d'un millier
de volumes rédigés sur un papier d'écorce de bois. La lecture de ce codex s'accompagne de musique qui occupe une place très importante dans le rituel.
Grande parade des cavaliers Naxis au pied du Yulong |
Les visites guidées Costumes Naxis dans la rue : villes et villages Concert par l'orchestre de l'Association Dayan Le petit bonus Deux exemples d'écriture pictogrammique Naxi La montagne du Dragon de Jade : le Yulong La rivière aux sables d'Or : le JinshaJiang (Yangtsé) |
|